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Fiche

L’amour se vit et se mange

Publié le 

Geste - L’amour se vit, se mange, se fabrique

Le 14 février prochain, on fête la Saint-Valentin ! De Montréal à Shanghai, en passant par Bruxelles, l'amour et l'amitié se célèbrent de mots doux et de présents. Partout, les villes se parent de roses rouges, symboles de passion.

Comme chaque année, industries horticoles et horticulteurs-artisans cultivent depuis plusieurs mois déjà cette fleur tant convoitée : plus de 30 millions de roses seront vendues à travers le monde pour l'occasion !

Très appréciée durant les fêtes, la commercialisation de la « reine des fleurs » reste pourtant très controversée. Nous vous proposons ici quelques alternatives responsables pour déclarer votre affection autrement... Pour en connaître un peu plus sur la problématique, poursuivez cet article un peu plus bas...

PREMIER CONSEIL : ACHETEZ LOCAL

Préférez l'artisan-fleuriste du coin pour vos fleurs. Sachez tout de même qu'une rose même cultivée localement aura demandé beaucoup d'énergie pour sa production. Cultivées sous des serres chauffées au mazout ou au propane, les roses sont de grandes consommatrices d'eau, de lumière et de chaleur : maintenues à une température constante de 20° Celsius, elles nécessitent 10 heures de lumière par jour et plus de 120 litres d'eau durant tout leur cycle de production pour 10 roses. Au Québec, certains fleuristes offrent des fleurs coupées locales. Informez-vous ! 

DEUXIÈME CONSEIL : ACHETEZ DE SAISON

Lorsque cela est possible, privilégiez les fleurs de saisons, les fleurs en boutures et non coupées, tout aussi belles et odorantes!

TROISIÈME CONSEIL : ACHETEZ ÉQUITABLE

Des fleurs équitables assurent un travail et un revenu décents aux travailleurs. Au Québec, recherchez les certifications Vériflor et Flower Label Program (FLP). 

QUATRIÈME CONSEIL : FABRIQUEZ DES FLEURS DE PAPIER

Ces fleurs de toutes les couleurs orneront vos intérieurs à plus long terme que les roses éphémères.  Une nouvelle façon de déclarer sa flamme ! Vous trouverez ci-dessous comment fabriquer votre propre fleur en papier.

CINQUIÈME CONSEIL : FABRIQUEZ DES FLEURS COMESTIBLES

Une nouvelle tendance qui devrait beaucoup plaire à nos fermiers de famille fait apparition à Montréal: des roses faites à partir des légumes racines. Lena Guézennec fabrique des roses à partir de betteraves rouges et donne des ateliers sur la pratique. « On peut se créer d'autres options et dire autant notre passion pour l'être cher... Elle est utile, en plus d'être une rose à partager, on peut la manger, c'est une réelle plus-value ! » nous explique-t-elle, passionnée par le projet.

La rose reste donc un symbole d'amour, oui, mais à certaines conditions. En effet, plusieurs initiatives à travers le monde dénoncent les conséquences environnementales et humaines de ce marché florissant. Elles pointent entre autre du doigt certaines sociétés internationales d'horticulture implantées en Afrique (Kenya,...), en Amérique Centrale (Costa Rica) ou en Amérique du Sud (Colombie,...) en raison du climat favorable et de la main-d'oeuvre bon marché qui exploitent le sol, l'eau et la population précarisée. Pour les habitants de la vallée du Rift au Kenya, premier fournisseur de roses en Europe, ce marché constitue une aubaine, une porte de sortie pour quitter la misère. La suite de l’histoire dresse pourtant un portrait bien moins rose.

L’accès et la qualité de l’eau douce constituent un premier enjeu majeur pour cette région d’Afrique de l’Est. Les centaines de fermes industrielles implantées autour du lac Naivasha pompent d’extraordinaires quantités d’eau asséchant le lac, unique source d’eau douce de la région et important point de pêche. En 2001, le gouvernement kenyan a interdit temporairement la pratique de la pêche suite à la découverte d'une grande quantité de poissons morts à la surface de l'eau.

D'autre part, l'utilisation massive d'engrais et de pesticides a non seulement des conséquences sur l'environnement, polluant les sols et l'eau, mais également à l'échelle humaine: maux de tête, vomissements, mais aussi risques de cancers ou fausses couches pour les ouvriers exposés sans protection à ces produits toxiques.

Conjointement à ces facteurs dégradant leur santé, c'est la précarité de l'emploi qui est dénoncée: la grande majorité des ouvriers kenyans est employée en tant que « travailleur journalier » ou « temporaire », payé à la journée, leur situation reste très instable. À ces conditions de travail peu favorables s'ajoute un salaire de misère : chaque employé est payé moins de la moitié du salaire moyen des ouvriers du pays.

En Colombie, principal exportateur de roses vers le Canada, des dérives similaires sont dénoncées : menace sur la biodiversité, conditions de travail déplorables des ouvriers, risque pour leur santé et sur l'environnement. Finalement, parcourant des milliers de kilomètres afin d'être acheminées dans les différents pays du monde, les roses enregistrent un lourd bilan carbone.

Mais il ne tient qu'à nous de colorer ce portrait bien sombre : nous avons toutes les clés en main ! Nous vous donnons ici quelques idées, à vous de faire aller votre imagination...
Puisqu'au final, n’en déplaise à Gilbert Bécaud, l’important ne dépend que de nous…

Pour en savoir plus :

Sur la problématique au Kenya:
Le Nouvel Observateur
Le Monde

Sur le commerce des fleurs équitables:
Le Figaro

Sur la fabrication de fleurs en papier:
http://www.bloom4ever.com/easy-origami-rose-02.php (site en anglais)

Sur l'atelier organisé par la tisseuse de légumes, Lena Guézennec, pour le Sensorium au Santropol Roulant

Sur la photo, une fleur en betterave.

Diplomée en communication appliquée après avoir suivi un Master en animation socio-culturelle et éducation permanente ainsi qu'en production d'évènements à l'Institut des Hautes Etudes des Communications Sociales (IHECS) à Bruxelles, Maud Eloin termine un certificat en éthique économique et sociale à la Chaire Hoover (UCL). Particulièrement impliquée dans les enjeux liés aux changements climatiques et aux modes d'échange/de consommation alternatifs, elle effectue actuellement un stage chez Équiterre en alimentation locale.