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Actualité  •  3 min

Les Canadiens ont le choix : faire preuve de leadership en éliminant les centrales au charbon ou se buter aux problèmes de santé créés par la pollution

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Article publié dans Policy Options le 28 février 2017 par Erin Flanagan, Pembina Institute et Philip Gass, Institut international pour le développement durable

Entre 2005 et 2014, les jours de smog en Ontario sont passés de 53 à 0. L’année 2005 a connu presque deux mois de smog alors qu’en 2014, le compte était nul. L’élimination progressive des centrales électriques au charbon a donc contribué à réduire la pollution et à améliorer la qualité de l’air, ce qui a eu une incidence directe sur la santé des familles et sur l’environnement. Alors qu’Ottawa et les provinces se penchent sur le détail d’une politique pan-canadienne sur le charbon, ils devraient considérer les résultats ontariens.

Ottawa n’a jamais cru que la fermeture des centrales au charbon soit le remède miracle contre toute la pollution et les gaz à effet de serre. Aucun secteur d’activité, ni aucune source polluante n’est jamais l’unique responsable de la pollution donc le succès d’une politique qui veille à la protection de l’air et s’attaque aux changements climatiques nécessite des efforts concertés de tous les secteurs de l’économie.

Si de 2005 à 2014, les émissions de gaz à effet de serre ont diminué de 7 % en Ontario, c’est surtout grâce au secteur de l’énergie qui, en éliminant ses centrales au charbon, a réduit ses émissions de près de 20 % soit l’équivalent du retrait de 7 millions de véhicules sur les routes. L’Office de l’électricité de l’Ontario a qualifié ce geste de « la plus importante mesure de réduction d’émissions de gaz à effet de serre en Amérique du Nord ».

Bannir l’utilisation du charbon dans la province ne visait pas qu’à contrer les changements climatiques, mais bonifiait la qualité de l’air et donc par surcroit améliorait la santé de ses citoyens. Il est difficile de saisir la complexité des interactions entre les polluants atmosphériques et leurs impacts cumulatifs, mais une irritation du système respiratoire, une fonction pneumonique réduite ou perturbée et une aggravation des symptômes de l’asthme sont des effets connus et largement acceptés du smog. Mieux comprendre et mieux quantifier les bénéfices spécifiques de l’élimination des centrales électriques au charbon sur la santé va prendre du temps, mais une chose est certaine : cette mesure aura des répercussions sur la santé et sur l’environnement en Ontario et ce, pendant des décennies.

Malgré ces bénéfices évidents, des critiques tiennent l’élimination des centrales au charbon responsable de l’escalade des coûts de l’énergie ontarienne. Bien qu’il soit tentant d’imputer cette hausse déplorable à la fermeture de ces centrales, la réalité nous indique pourtant que cette inflation est attribuable aux coûts différés des infrastructures du réseau électrique et à la remise à neuf des centrales nucléaires. Depuis que l’Ontario a entrepris d’éliminer ses centrales au charbon, la baisse des prix des énergies renouvelables et l’adoption de mécanismes incitatifs basés sur le marché, ont fait chuter le coût de transition du charbon vers les énergies renouvelables et vers d’autres sources.

Ce leadership ontarien est maintenant reconnu et s’étend à d’autres juridictions. Le gouvernement fédéral ainsi que certaines autres provinces travaillent à des mesures pour limiter et éliminer les centrales au charbon à travers le Canada. Même aux États-Unis où, sous l’administration Trump, on s’attendait à un relâchement face à la lutte aux changements climatiques, le secteur économique de l’énergie maintient un recul constant de ses centrales électriques au charbon. Pour la première fois en 2015, des centrales alimentées au gaz naturel ont supplanté celles au charbon.

Ce revirement explique l’érosion de la position traditionnelle du charbon dans le réseau électrique des États-Unis et du Canada. On prévoit que plusieurs facteurs accentueront ce déclin : une plus forte compétitivité économique des secteurs du gaz naturel et des énergies renouvelables, le coût moindre des contrôles antipollution et les mesures gouvernementales visant à chiffrer et à atténuer les émissions de gaz à effet de serre. En tenant compte d’un prix carbone situé autour de 30 $, 50 $ la tonne, ou même plus, nos centrales au charbon sembleront beaucoup moins profitables à l’avenir que par le passé.

L’Ontario a tracé la voie pour que le fédéral et les autres provinces ferment d’ici 2030 leurs centrales électriques au charbon qui sont l’une des plus importantes sources de pollution au monde. Le reste du Canada est devant un choix : assumer un leadership international face au charbon ou continuer de retarder l’inévitable en subissant le smog et toutes les maladies respiratoires qui en découlent.