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Communiqué de presse  •  2 min

Une fuite révèle que le Canada se prépare à bloquer les négociations à Bali

Publié le 

Réseau action climat Canada, Bali, Indonésie, 8 décembre 2007 - Un document du gouvernement fédéral révèle que les négociateurs canadiens à Bali ont reçu la directive précise de miner un principe fondamental du Protocole de Kyoto, ce qui aura pour effet de faire dérailler les négociations onusiennes qui entrent dans une phase critique.

Les instructions rendues publiques commandent aux négociateurs canadiens d'exiger que les pays en voie de développement acceptent les mêmes réductions contraignantes et absolues d'émissions que les pays industrialisés. Le Canada souhaiterait également que les autres pays reconnaissent les soi-disant « circonstances nationales », ce qui permettrait au Canada d'adopter un objectif de réduction encore plus faible pour la deuxième phase d'engagement du Protocole.

« Le Canada dirige un camion de sable bitumineux tout droit au cœur des négociations ici à Bali » soutient Steven Guilbeault d'Équiterre. « Le Protocole de Kyoto est fondé sur la reconnaissance que les pays industrialisés sont largement responsables du problème des changements climatiques et qu'ils doivent agir en premier pour solutionner le problème ». Le Canada tente de réécrire l'histoire en refilant le fardeau des réductions des émissions aux pays en voie de développement.

L'approche mentionnée dans le document gouvernemental viole un principe fondamental du Protocole de Kyoto, à savoir que les nations ont des « responsabilités communes, mais différenciées » pour la réduction des émissions. Kyoto requiert que les pays industrialisés – avec leurs plus grandes émissions per capita, leur plus grande richesse per capita et leur responsabilité historique pour les changements climatiques – agissent en premier dans la réduction des gaz à effet de serre (GES).

Bien que ces pays doivent ralentir de façon significative l'augmentation de leurs émissions, ils ne doivent pas, dans un avenir rapproché, se faire imposer des cibles de réductions absolues comme les pays industrialisés. Les émissions per capita du Canada sont environ dix fois supérieures à celles de l'Inde et cinq fois supérieures à celles de la Chine.

« Le Canada impose des conditions inéquitables que les pays en voie de développement ne peuvent pas accepter », souligne Dale Marshall de la Fondation David Suzuki. « En abandonnant son objectif de la première phase de Kyoto, le Canada n'a aucune crédibilité à demander aux autres pays de s'imposer des cibles contraignantes ».

Le manque de crédibilité du Canada s'est vu renforcer cette semaine suite aux déclarations du président du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), M. Rajendra K. Pachauri. Selon M. Pachauri, le gouvernement du Canada ne croit pas aux changements climatiques et ne veut rien faire pour y remédier. Dans un rapport publié cette semaine, le Canada termine 53e sur 56 pays quant à sa performance dans sa lutte aux changements climatiques.

« Cette position irresponsable isolera encore plus le Canada sur la scène internationale », déplore Emilie Moorhouse du Sierra Club du Canada. « Au moment où des pays tels la Chine, l'Afrique du Sud et le Brésil s'engagent à faire plus, le Canada se dirige tout simplement dans la direction opposée ».

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Pour information (à Bali):
Jean-François Nolet, Équiterre, +62-81-338-969139
Dale Marshall, Fondation David Suzuki, 613-302-9913
Emilie Moorhouse, Sierra Club du Canada, +62-81-338-969125
Matthew Bramley, Institut pembina, +62-81-338-969113
Sarah Marchildon, Fondation David Suzuki, +62-81-338-989047