Skip to navigation Skip to content

Opinion  •  4 min

Billet de blogue : Ce que cette élection nous a appris

Published on 

Par Marc-André Viau, directeur des relations gouvernementales d’Équiterre

Il faut être lucide. La réalité des changements climatiques nous rattrape de plus en plus.

Un peu plus tôt cette année, l’Agence internationale de l’énergie a mis en garde les gouvernements contre l'approbation de nouveaux projets pétroliers et gaziers. Plus récemment, la revue Nature estime que plus de 80 % de la production pétrolière et gazière canadienne doit rester dans le sol afin de limiter le réchauffement planétaire à 1,5 °C. Nous avons aussi subi cette année une des pire sécheresse de l’histoire canadienne, une sécheresse qui aura un impact significatif sur nos récoltes et le coût des aliments. Un dôme de chaleur s’est abattu sur l’Ouest du pays, provoquant la mort de plusieurs centaines de personnes. Et le GIEC a aussi publié un rapport plus alarmant que jamais à travers tout ça.

Ouf...

C’est dans ce contexte que la dernière élection fédérale s’est déroulée. Maintenant qu’elle est derrière nous et que la composition du parlement est connue, qu’avons nous appris et qu’est-ce que ça veut dire concrètement pour l’environnement et le climat?

D’abord, la bonne nouvelle de ce scrutin : 94 % des électeurs et électrices ont voté pour des partis politiques qui proposent un système de tarification du carbone. C’est 31 % de plus que lors des dernières élections! Nous avons maintenant un consensus sur cette question et nous ne reviendrons pas en arrière. Il faut s’en réjouir.

Est-ce que c’est suffisant? Non. Clairement pas.

Est-ce que les leaders ont placé l’environnement au cœur de la campagne? Non plus.

Mais il n’en demeure pas moins que de nouvelles idées ont quand même émergé.

2 promesses...prometteuses!


Le Parti libéral, qui a remporté le plus grand nombre de sièges, a suggéré de nouvelles mesures environnementales plus ambitieuses. Parmi les nouvelles promesses, il faut en souligner deux :

  • La création d’un fonds de 2G$ pour la diversification et la transition équitable des travailleurs et travailleuses de l’industrie des énergies fossiles;
     
  • Le plafonnement et la réduction des émissions de GES du secteur pétrolier et gazier.

Si les élus et élues sont sérieux(-ses) en matière de lutte aux changements climatiques, ces deux promesses devront être réalisées dans les prochaines années et vont nécessiter la collaboration des différents partis à la Chambre des communes.

La promesse du fameux fonds de 2G$ constitue réellement la clé de voûte de la transition énergétique au Canada car elle ne pourra se faire sereinement si on ne soutient pas les travailleuses et travailleurs. En gros, la capacité du gouvernement de plafonner et réduire les émissions de GES du secteur pétrolier et gazier, et par la bande la production, dépend de la mise en place d’un plan de transition équitable.

C’est pourquoi Équiterre talonnera les élues et élus sans relâche jusqu’à ce que les plans détaillés liés à ces promesses soient dévoilés

Écoute et collaboration au menu?


D’autres promesses sont aussi de retour parce que le gouvernement n’a pas livré la marchandise sur certains dossiers, notamment l’élimination des subventions aux énergies fossiles.

Pourtant, dans cette élection, 60 % des électeurs et électrices ont voté pour des partis qui sont en faveur de leur élimination. La configuration parlementaire actuelle fait donc en sorte qu’il n’y a aucune raison de ne pas finalement réaliser cette promesse.

C’est aussi pourquoi nous demandons aux partis d’opposition de collaborer activement à la mise en œuvre du plan d’action gouvernemental. Ces derniers devront également jouer le rôle que leur ont donné la population canadienne afin de s’assurer que le gouvernement livre la marchandise. Mais le rôle de l’opposition n’est uniquement celui de chien de garde, et le gouvernement devra aussi être à l’écoute de leurs propositions.

Et il y en avait des intéressantes dans leurs plateformes.

L’équipe des oranges a entre autres proposé une cible de réduction des émissions de GES de 50 %, ce qui se rapproche de la cible identifiée pour la juste part du Canada. Les bleus clairs ont quant eux proposé un test climat afin de mesurer l’impact sur l’environnement et les changements climatiques de toutes les décisions gouvernementales. Les bleus foncés, eux, ont proposé des investissements de 3 milliards dans les solutions climatiques naturelles.

Équiterre demandera donc au premier ministre Trudeau de forger des alliances pour tirer le meilleur de chacune des plateformes environnementales afin de mettre en œuvre les meilleures politiques pour protéger notre environnement, notre biodiversité et restaurer nos milieux naturels.

Voir plus loin que les plateformes


Malgré tout ce qui a été proposé dans les dernières semaines, il est évident qu’il faudra aller au-delà de ce que proposaient les plateformes électorales sur certains enjeux spécifiques.

Quelque chose qui nous inquiète particulièrement chez Équiterre : les émissions de GES provenant des véhicules surdimensionnés (dont font partie les VUS) ont anéanti les efforts de réduction pour les voitures. Des avenues réglementaires devront être explorées pour s’attaquer à cette problématique majeure, qui a le potentiel de nous faire manquer nos cibles climatiques de 2030 et de 2050.

La sécheresse a aussi durement frappé le secteur agricole et la compensation ponctuelle pour les pertes liées à l’impact des changements climatiques ne suffit plus. Nous allons continuer de demander la création d’un programme permanent d’aide à l’adaptation et à la transition pour soutenir nos agricultrices et agriculteurs, qui sont réellement aux premières loges des effets néfastes de la crise.

Les Canadiennes et Canadiens ont lancé, pour la deuxième fois consécutive, un message clair : que leurs élus(-es) continuent de travailler ensemble pour affronter les énormes défis liés à la crise climatique.

Et en tant qu’organisation environnementale, chez Équiterre, nous ferons tout pour soutenir et appuyer ceux et celles qui font de l’action climatique une priorité.