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Opinion  •  4 min

Conclusion de la COP23 à Bonn : un pas de plus dans la lutte aux changements climatiques

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Après 2 semaines de négociations intensives à Bonn, c’est vers 5 h 30 samedi matin que les quelques 180 pays présents ont adopté l’ensemble des décisions permettant la mise en œuvre de l’Accord de Paris de 2015 et la conférence de Bonn été qualifiée de « pas en avant » par l’ensemble des ONGs de la planète.

Parmi ces décisions, notons :

  • L’adoption d’n texte d’une centaine de pages sur les règles de la mise en œuvre de l’Accord de Paris (appelé le « rulebook »);
     
  • La mise en œuvre d’un dialogue constructif en 2018 qui devra mener à une augmentation de l’ambition en matière de réduction de GES d’ici 2030;
     
  • L’engagement de l’ensemble des pays à revoir les progrès qu’ils peuvent accomplir en matière de réduction des émissions d’ici 2020;
     
  • Une entente sur l’importance de prendre en compte les besoins des femmes dans le cadre des programmes et stratégies sur l’adaptation.

Augmentation des ambitions pour l’Accord de Paris…

Pour une personne n’ayant jamais participé à ce genre de rencontres, le fait que les pays se soient engagés à discuter de ce qu’ils peuvent faire de plus pour réduire les émissions peut paraître comme une bien maigre victoire et pourtant, il n’en n’est rien…

À Paris en 2015, nous savions déjà que les engagements pris étaient insuffisants et nous mèneraient vers 2,7° Celsius de réchauffement, alors que l’Accord de Paris stipule qu’il faut tenter de contenir ce réchauffement entre 1,5° à 2° Celsius. Remarquez que sans Paris, c’est vers 3,6° Celsius de réchauffement que la planète se dirigerait.

Donc, le simple fait que les pays acceptent ce dialogue, nommé « Talanoa dialogue » une approche traditionnelle mise de l’avant par la présidence de Fiji pour engager un dialogue inclusif, participatif et transparent, est une admission tacite que nous devons en faire plus.

Et pour la période pré-2020…

Vous seriez également en droit de vous demander en quoi un engagement de revoir les progrès accompli d’ici 2020 peut être considéré comme un point positif… Et vous n’auriez pas tort de poser cette question.

Pour bien comprendre, un petit retour en arrière s’impose.

Vous vous rappelez du Protocole de Kyoto? Ce protocole que les États-Unis n’ont jamais ratifié et dont le Canada s’est retiré prévoyait des réductions d’émissions sur la période 2008-2012. Il était donc prévu qu’il y ait une autre entente qui porterait sur la période de 2012 à 2020 et c’est d’ailleurs à Montréal en 2005, sous la présidence de Stéphane Dion, que ces négociations ont commencé. En théorie, ces dernières devaient se conclure à Copenhague en 2009, alors que pour la première fois dans l’histoire des négociations, plus d’une centaine de chefs d’États et de gouvernements débarquaient aux négociations sur le climat… Hélas, en dépit de la participation de ces leaders, la Conférence de Copenhague n’a pu faire mieux que de conclure une entente sans engagements fermes et sans décisions concrètes sur la réduction des émissions.

Cet échec cuisant a vidé ce processus de l’ONU de tout son poids pendant plusieurs années et ce n’est qu’à Paris, 6 ans plus tard, que nous avons réussi à trouver l’énergie nécessaire à la conclusion d’une nouvelle entente internationale.

Hélas, à ce moment, les pays industrialisés étaient très frileux quant à quelqu’engagement que ce soit sur un échéancier aussi court que 5 ans. Après tout, il faut en général 18-20 mois pour adopter un accord comme celui de Paris, ce qui ne laisserait à des pays comme le Canada que quelques années pour atteindre des cibles en 2020.

Mais il semble qu’avec l’Accord de Paris, nous ayons retrouvé un peu de la confiance perdue et ce qui semblait impossible à accomplir hier devient maintenant, peut-être, un peu plus réalisable.

Un plan d’action sur le climat en faveur de l’égalité des sexes

Depuis le début des négociations sur le climat, l’un des aspects les plus négligés est le rôle et les besoins des femmes, notamment quant à l’adaptation aux changements climatiques, alors que les programmes d’adaptation tiennent peu compte de leurs besoins, bien qu’elles soient en première ligne.

C’est dans cette optique qu’un plan d’action sur l’égalité des sexes a été adopté. Il visera à développer des programmes d’adaption précisément conçus pour les besoins des femmes, particulièrement ceux des femmes autochtones et des représentantes de groupes de femmes.

Sur une note plus légère : décrypter le langage codé de la COP

Une conférence des Nations unies comme celle de Bonn est une sorte d’univers parallèle, avec ses propres codes, habitudes et même son propre langage.

La première chose qu’une personne doit apprendre lorsqu’elle débarque ici est de décrypter la quantité plutôt impressionnante d’acronymes couramment utilisés. En fait, vous n’êtes pas un véritable participant à une COP s’il n’y a pas au moins un acronyme par phrase que vous prononcez.

Voici quelques-uns de mes préférés :

  • Les observateurs comme Équiterre se nomment des NGOs dans ce processus pour Non Governmental Organisations (Organisations non-gouvernementales). Il y a eu ensuite l’apparition des ENGOs (Environmental Non Governmental Organisations). Jusque-là ça va bien, mais à un moment, certains se sont plaint que cette catégorie était beaucoup trop vaste et les chercheurs participants à ces rencontres ont voulu avoir leur propre désignation et donc, leur propre acronyme. Ils sont donc devenus les RINGOS (Research and independent non-governmental organizations), l’acronyme pour les groupes de jeunes étant les YOUNGOs (Youth non-governmental organizations) et, tenez-vous bien, les BINGOs pour les représentants du secteur privé (Business and Industry non-governmental organizations);
     
  • LULUCF : Land-use, land-use change and Forestry (utilisation des terres, changement d’affectation des terres et foresterie). Cette catégorie faisant référence aux changements de l’utilisations des sols (à travers l’étalement urbain par exemple) et la déforestation;
     
  • JUSSCANNZ : Une coalition de pays formée du Japon, des États-Unis, de la Suisse, du Canada, de l’Australie, de la Norvège et de la Nouvelle-Zélande.
     
  • 2 morceaux de robots à la personne qui peut deviner la signification de cet acronyme : CMA… (Réponse en bas de page)

Réponse : Conference or the Parties serving as Meeting of the Parties to the Paris Agreement, simple non?