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Press release  •  3 min

Nouveau rapport de Oil Change International sur les objectifs de l'entente de Paris et la production pétrolière

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Montréal, 22 septembre 2016 - Équiterre est heureux de s'associer à la publication du rapport de Oil Change International intitulé “The Sky’s Limit: why the Paris climate goals require a managed decline of fossil fuel production”. L’étude démontre que la production attendue des « réserves développées » d’hydrocarbures et de charbon représente un potentiel d’émissions de gaz à effet de serre supérieur au budget carbone sur lequel les pays se sont entendus à Paris.

L’étude arrive à une double conclusion :

  • il ne faut plus développer de nouveaux gisements de pétrole ou de gaz, mines de charbon ou infrastructures de transport d’énergies fossiles
  • Il faudra interrompre la production de certains gisements et mines actuellement en opération avant que ces derniers n’aient été totalement exploités

Nous savons déjà que les émissions potentielles liées aux réserves connues représentaient environ le triple du budget carbone 2°C (Étude publiée dans Nature en janvier 2015), et qu’une bonne partie des réserves connues ne pourraient donc pas être exploitées (c’est le sens de la campagne “keep it in the ground” menée par le Guardian et l’ONG 350.org).

Cette nouvelle étude va plus loi, car elle compare le budget carbone aux émissions attendues des gisements et mines actuellement exploités ou en voie de l’être, et non des réserves connues.

L’estimation, qui n’avait jamais été réalisée jusqu’ici, est fondée, d’une part, sur le budget carbone estimé par le GIEC (i.e., la quantité de gaz à effet de serre que nous pouvons encore nous permettre d’émettre d’ici 2050 pour espérer limiter le réchauffement à moins de 2° ou 1,5° en 2100), et d’autre part, sur les émissions futures de GES liées au pétrole, au gaz et au charbon à extraire des « réserves développées ». Ces réserves sont celles pour lesquelles une infrastructure de production et de transport est en place ou en cours de construction. Ces « réserves développées » représentent environ 30 % des réserves exploitables au niveau mondial.

« S’ils prennent au sérieux les objectifs de l’Accord de Paris, les gouvernements vont devoir stopper l’expansion de l'industrie des énergies fossiles, car celle-ci a suffisamment de carbone dans ses réserves développées pour faire exploser le budget carbone », a déclaré Stephen Kretzmann, directeur exécutif de Oil Change International.

« Ce rapport nous démontre que, si le Canada veut faire sa part dans la cadre de la lutte aux changements climatiques, nous ne pouvons permettre l'augmentation de la production des sables bitumineux et donc, nous ne pouvons construire de nouvelles infrastructures tels les pipelines », a ajouté Steven Guilbeault d'Équiterre.

À noter que même si l’on arrêtait immédiatement toute production de charbon, les réserves développées de pétrole et de gaz contiennent, à elles seules, trop de carbone pour respecter l’objectif de 1,5°C. Toutes les énergies sont donc concernées par les conclusions de cette analyse.

Comme l’explique Greg Muttit, conseiller principal de Oil Change International et co-auteur de l’étude, « une fois que les opérations d’extraction ont commencé, cela crée une incitation à poursuivre la production afin de rentabiliser les investissements et de générer du profit, et il devient très difficile d’empêcher que ces réserves ne soient entièrement extraites et consommées. Cela crée une pression si forte que les opérateurs sont prêts à faire n’importe quoi pour protéger leur investissement et continuer à forer. C’est ainsi que le carbone se trouve “verrouillé" dans le système ».

Parmi les plus gros projets dont Oil Change International pointe le danger pour le climat :

  • Qatar : projet d'expansion du champ “North Field” avec ExxonMobil (52 Gt sur la durée de vie du projet, soit 13 % du budget carbone)
  • États-Unis : projets de production de pétrole et de gaz par fracturation hydraulique (“fracking”) (51 Gt)
  • Russie : projets de développement de Gazprom dans la péninsule de Yamal en Sibérie (38 Gt)
  • Iran : appels d’offres en projet pour plusieurs champs et blocs d’exploration (24 Gt)
  • Canada : projets d’expansion des champs de sables bitumineux de l'Alberta : ces projets nécessitent la construction de nouveaux oléoducs, laquelle est actuellement bloquée par l’opposition des communautés locales et de la société civile, mais les deux projets de pipelines (par Kinder Morgan sur la côte ouest et par TransCanada sur la côte est) entraîneraient 21 Gt d’émissions.

Selon Greg Muttit, « Nous n’avons que trois options. Soit l’on gère le déclin de la production des champs existants, on passe aux énergies propres et on redéploie les travailleurs. Soit l’on continue à développer de nouvelles réserves dont il faudra arrêter la production brutalement, avec à la clé des actifs dévalorisés, des pertes pour les investisseurs et de la casse sociale pour les communautés des zones de production. Soit l’on continue comme si de rien n’était – et on précipite le monde dans un désastre économique, écologique et humain ».

« C’est clair désormais : subventionner ou simplement permettre l’expansion du secteur des énergies fossiles est aussi immoral que de vendre des cigarettes dans un service de cancérologie » conclut Stephen Kretzmann.

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Pour plus d'informations :

Dale Robertson
Relations médias, Équiterre
514 605-2000 / drobertson@equiterre.org