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Opinion  •  1 min

L’hydrogène, une solution pour la transition énergétique?

Publié le 

Vous avez sûrement entendu parler de l'hydrogène ces derniers temps mais vous n’en connaissez pas tous les enjeux? L’hydrogène répond-il réellement à nos besoins pour mettre fin à notre dépendance aux énergies fossiles?

À l’heure où l’hydrogène prend de plus en plus de place dans les discussions sur l'avenir énergétique, il est important de comprendre les enjeux qui y sont rattachés.

Équiterre vient d’ailleurs de faire ses recommandations au gouvernement provincial sur ce sujet, dans le cadre des consultations publiques sur la stratégie sur l'hydrogène vert et les bioénergies 2030.

Voici ce qu’il faut retenir de l’hydrogène :

L’hydrogène, c'est quoi?

L’hydrogène est un gaz qui a un grand pouvoir énergétique! L’hydrogène n’est pas une énergie primaire, comme le gaz fossile ou l’énergie hydraulique, c’est-à-dire qu’il faut le transformer pour pouvoir l’utiliser. Il en existe diverses sortes, selon les méthodes de production et d’utilisation.

L’hydrogène est souvent vu comme solution pour diminuer les émissions dans les secteurs où l’électrification est difficile, comme les transports lourds, le bâtiment et l’industrie.

Mais attention : cet argument tient la route seulement lorsque l’hydrogène est de type renouvelable. Lorsque l’hydrogène est produit avec de l’énergie fossile, c’est une autre histoire…!

L’hydrogène en trois couleurs

Comme au casino, il faudra faire attention de ne pas tout miser sur l’hydrogène. Et surtout, de miser sur la bonne couleur!

Chaque type d’hydrogène se définit par une couleur. Voici les trois principaux types :

Hydrogène gris (représente la presque totalité de la production mondiale d’hydrogène)

L’hydrogène gris est produit par la séparation du carbone et de l’hydrogène contenus dans le gaz fossile. Ce processus (appelé vaporeformage) dégage du CO2, le principal gaz à effet de serre. Clairement, pas une énergie renouvelable.

Hydrogène bleu (représente moins de 2 % de la production mondiale d’hydrogène)

Comme l’hydrogène gris, l’hydrogène bleu est issu de sources fossiles. La différence est que le CO2 produit lors du vaporeformage est capté afin d’être, en théorie, utilisé ou enfoui dans le sol. Il faut noter que cette technologie (qui est loin d’être au point) ne permet pas la captation de tout le CO2 et demeure très chère.

Elle ne règle pas non plus les autres impacts liés à l'exploration et à l'exploitation des gisements de gaz fossile, notamment les atteintes aux droits des populations autochtones, la biodiversité, la qualité de l'eau et de l'air, et l'incapacité de l'industrie à remettre en état les puits. L’hydrogène bleu, en misant toujours sur l’extraction fossile et en plus sur la capture carbone, n’est clairement pas un énergie renouvelable.

Hydrogène vert (ne représente qu’environ 1 % de la production mondiale d’hydrogène)

L’hydrogène vert est produit par l’électrolyse de l’eau (un courant électrique qui sépare les molécules d’eau en hydrogène et en oxygène) en utilisant de l'électricité renouvelable.

Là on peut parler d’une énergie renouvelable! Il faut cependant noter qu’une proportion importante de l’énergie est perdue lors de ce processus…

Ce code de couleur n’est d’aillers pas très utile, car il masque les véritables impacts environnementaux de l'hydrogène bleu et ne sert qu'à l'industrie des combustibles fossiles. Chez Équiterre, nous pensons qu’on devrait plutôt parler d'hydrogène renouvelable (au lieu d’hydrogène vert) et d'hydrogène fossile (au lieu de hydrogène bleu ou gris).

Une réelle solution pour remplacer les énergies fossiles?

L’hydrogène a le pouvoir d’être une alternative viable aux énergies fossiles uniquement quand il est renouvelable. L'hydrogène fossile (bleu ou gris) ne constitue pas une source d’énergie propre et ne devrait donc pas être utilisé comme énergie de transition.

Il faut toutefois noter que l’hydrogène renouvelable est une ressource coûteuse et a un rendement énergétique plus faible que l’électricité. Son utilisation devrait donc être limitée aux contextes où l’électrification directe n’est pas possible et dans les secteurs les plus difficiles à décarboner, comme les processus industriels ou, peut-être, dans l'aviation et le secteur maritime.

L'hydrogène renouvelable n’est donc qu’une solution parmi d’autres pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre.

Les conclusions d'Équiterre

Équiterre participe activement aux réflexions sur les débats entourant l’hydrogène comme solution à la transition énergétique. Nos spécialistes recommandent :

  1. Que le Québec mise uniquement sur l’hydrogène renouvelable
  2. Que l’hydrogène renouvelable ne soit utilisé que lorsque l’électrification directe n’est pas possible
  3. Que le Québec développe uniquement des filières pour lesquelles la demande d’hydrogène renouvelable est compatible avec sa capacité de production

C’est seulement par la conversion des énergies fossiles vers les énergies renouvelables (dont fait partie l'hydrogène renouvelable) et par la sobriété énergétique (réduction de notre demande énergétique) que se fera la transition énergétique.


  • Consultez notre mémoire dans le cadre des consultations publiques sur la stratégie sur l'hydrogène vert et les bioénergies 2030

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