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Opinion  •  3 min

Retour sur les élections fédérales

Marc-André Viau

Directeur, Relations gouvernementales

maviau@equiterre.org

Publié le 

La démocratie a parlé. Les citoyens et citoyennes ont exprimé leurs choix, et un nouveau gouvernement minoritaire libéral prend les rênes du pays.

Notre équipe a travaillé fort pour mettre l’environnement au cœur de ces élections, notamment à travers la coalition Vire au vert. Grâce à cette initiative non partisane, nous avons rassemblé les demandes des organisations environnementales du Québec, démontré un consensus québécois sur certaines avancées écologiques et incité les partis à clarifier leur position en matière d’environnement. Notre outil comparatif, quant à lui, a permis aux électeurs et aux électrices de prendre des décisions plus éclairées, en ayant accès à certains engagements des différents partis.

Néanmoins, les préoccupations de la population fluctuent au fil du temps et l’environnement n’était pas au cœur de ces préoccupations au cours des dernières élections. C’est normal. La priorité du moment, clairement illustrée par les choix des électeurs et électrices, est qu’il faut s’occuper de la relation avec notre voisin du sud et de toutes les conséquences que ça entraîne sur les orientations économiques, industrielles, militaires, agricoles, sociales et environnementales.

Si cette priorité fait consensus au sein de la nouvelle députation, les pistes de solutions risquent, elles, de diverger. Les gens risquent de n’avoir que peu de patience pour les politiciens qui manquent de sérieux dans le cadre de la joute politique post-électorale. Avec un peu de chance, les propositions jugées opportunistes, qui ne servent qu’au positionnement électoral et qui prennent la forme de slogans qu’on imprime sur des t-shirts ou des casquettes, vont être reléguées aux oubliettes.

Le climat et les enjeux environnementaux n’attendront pas que les autres crises passent

Alors que le nouveau gouvernement devra naviguer ces priorités, il est impératif que l’environnement ne soit pas sacrifié au profit de solutions de court terme. On peut chasser certaines préoccupations environnementales le temps d'une élection, mais on ne peut pas chasser le changement climatique et ses conséquences. Alors, il faudra avoir des discussions intelligentes sur des sujets comme la mobilité ou encore le développement énergétique et industriel. Et les choix que nous ferons devront être viables sur le plan environnemental, parce que la menace qui vient du sud de la frontière possède une date d’expiration, contrairement à la menace des changements climatiques. Il existe malgré tout un lien entre ces deux phénomènes perturbateurs : nous n’avons pas de contrôle sur ceux-ci mais nous pouvons prendre de bonnes décisions pour le long terme pour nous préparer et y faire face.

Avec un nouveau gouvernement au pouvoir, une question essentielle se pose : quelles seront les politiques environnementales mises de l’avant dans un contexte où la guerre commerciale risque de dominer les priorités? Cette situation peut être transformée en occasion de se démarquer en faisant preuve de leadership, mais elle comporte aussi des risques de recul sur les avancées obtenues lors du dernier parlement. Par ailleurs, certains discours tenus durant la campagne électorale ont soulevé des inquiétudes : promotion de nouvelles infrastructures fossiles, mise de l’avant de fausses solutions comme la capture et le stockage du carbone. Nous continuerons à faire pression pour éviter ces reculs, parce que nous avons avantage à nous démarquer en misant sur l’avenir.

Veiller à la mise en œuvre des engagements

Le premier ministre et son gouvernement auront à répondre à des enjeux cruciaux : la protection de la biodiversité, la lutte contre les changements climatiques et l’adaptation aux nouvelles réalités environnementales. La composition du cabinet et les premières décisions du gouvernement seront déterminantes pour l’avenir des politiques écologiques au Canada.

Dans les prochains jours et mois, notre équipe portera attention aux nominations ministérielles, aux orientations prises et aux arbitrages budgétaires effectués. La transition écologique doit être une priorité transversale, impactant les décisions en matière de transports, d’agriculture et d’énergie.

Une adaptation nécessaire de nos actions

Dans ce contexte mouvant, nous poursuivrons notre travail à travers des initiatives concrètes : alimentation durable, mobilité, déconsommation et adaptation climatique. Ces projets sont des leviers essentiels pour bâtir une résilience face aux crises économiques et environnementales et faciliteront concrètement la vie des Canadiens et Canadiennes. En investissant dans des solutions durables pour l’environnement – et qui favorisent la justice sociale – nous réduisons aussi les risques pour la santé publique, renforçons notre résilience collective et bâtissons des communautés plus solidaires.

Nous sommes prêts à collaborer avec le gouvernement pour accélérer leur mise en œuvre. Nous demeurons de plus vigilants pour que l’environnement soit au centre des décisions permettant d’adapter nos politiques et notre économie afin d’accroître l’autonomie et l’indépendance canadienne pendant cette période d’instabilité.

Une mobilisation toujours nécessaire

Les décisions prises dans les prochains mois seront déterminantes pour les avancées environnementales. Nous resterons présents à chaque étape du processus gouvernemental pour garantir que ces enjeux ne soient pas relégués au second plan.

Nous invitons nos membres, partenaires et sympathisants à maintenir la pression. L’action citoyenne et l’engagement collectif sont essentiels pour exiger des mesures ambitieuses et durables. Ensemble, nous devrons redoubler d’ardeur pour que l'environnement soit une priorité nationale.