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Fiche

Mieux comprendre la saine autonomie alimentaire

Publié le 

Peut-on nourrir sainement une future population de 10 milliards de personnes en respectant les limites de la planète? Et si oui comment? Les spécialistes s’accordent pour dire que miser sur une saine autonomie alimentaire nous permettrait d’atteindre cet objectif et de concilier notre santé et celle de la planète.

Concrètement, on fait comment? En impliquant toutes les parties prenantes du système alimentaire, de la terre à l’assiette.

C’est quoi la saine autonomie alimentaire?

La saine autonomie alimentaire repose sur une transformation en profondeur de notre système alimentaire pour nous rendre plus résilients et résilientes afin de nous permettre de nourrir sainement toute la population, aux échelles locale et mondiale. Notre production et approvisionnement alimentaire est grandement fragilisé par les changements climatiques et aussi par les conflits géo-politiques comme la guerre en Ukraine.

La saine autonomie alimentaire doit reposer sur une alimentation saine, produite localement selon des pratiques agricoles durables respectueuses de la planète et qui répondent aux besoins nutritionnels de toute la population.

Il s’agit d’un changement collectif vers des régimes alimentaires durables, où la consommation mondiale de fruits, légumes, noix et légumineuses devra doubler et la consommation d'aliments tels que la viande rouge et le sucre devra être réduite de plus de 50 %. En outre, consommer plus d’aliments d’origine végétale et moins de produits d’origine animale permettra de bénéficier à la fois des avantages pour la santé et l’environnement.

Tant les fermes que les consommateurs et consommatrices ont un rôle à jouer dans ce virage!

Comment parvenir à une saine autonomie alimentaire?

Côté agriculture, outre les pratiques au champ bénéfiques pour la santé des sols, soutenues par le Plan d’agriculture durable, il faudra nécessairement fournir localement une plus grande diversité d’aliments sains - ce qu’on devrait manger doit se refléter dans les cultures qu’on retrouve au champ. Ça, c’est un défi de « transition culturale et écologique » pour les agriculteurs et les agricultrices!

Côté alimentation, il est recommandé de privilégier une alimentation :

  • locale et de saison,

  • essentiellement végétale,

  • saine et nutritive donc peu transformée,

  • qui évite le gaspillage alimentaire et les emballages,

  • et qui nous fait du bien!

Le Guide alimentaire canadien est un outil très utile pour transformer notre système alimentaire puisqu’il montre le chemin vers les régimes alimentaires durables.

Les cultures végétales québécoises à (re)découvrir pour une saine autonomie alimentaire

Mais quelles cultures ont le pouvoir de contribuer à transformer notre système alimentaire en un système viable, permettant de nourrir sainement toute la population, de préserver l’environnement et de nous adapter à l’impact des changements climatiques?

Pour l’essentiel, des cultures que vous connaissez déjà, fruits, légumes, légumineuses et noix, le secret étant ici de les manger en s’approvisionnant localement et en suivant les saisons. Un petit exemple : les tomates en été, les légumes-racines en hiver et les pommes du Québec, à l’année.

Mais certains ajouts à notre régime peuvent avoir des effets très bénéfiques sur la santé des sols, lorsqu’on se met à les cultiver en rotation avec d’autres plantes. Des agricultrices et agriculteurs innovants diversifient déjà leur culture, qu’on peut d’ailleurs retrouver dans plusieurs commerces. Un aperçu non exhaustif pour vous mettre l’eau à la bouche? Seigle, lin, haricots secs, caméline, gourganes, pois jaunes, lentilles, sarrasin, soya, avoine nue…

Où en est-on au Québec et au Canada?

L’autonomie alimentaire

Le Québec est autosuffisant pour des produits d’origine animale comme le lait, les œufs et la volaille car la production est contrôlée pour correspondre à la demande intérieure. En dehors de ces productions, le portrait varie énormément d’une production à l’autre. Pour le porc, dont la filière s’est développée pour viser les marchés d’exportation, nous produisons 4 fois plus de porcs que la demande du marché québécois!
En revanche, nous oscillons autour de 12 % pour les produits céréaliers, 60 % pour les petits fruits, et notre approvisionnement en légumes est fortement dépendante des importations de décembre à juin. Il y a donc encore de la place pour produire davantage localement plusieurs de nos aliments!

Pourcentage de la production d’aliments au Québec par rapport à la consommation, en 2018

Mais encore faut-il que ces aliments soient sains! En 2022, la volonté du gouvernement québécois d’accroître l’autonomie alimentaire s’est plutôt traduite en investissements pour la productivité, de grandes serres énergivores et dans le soutien à la transformation d’aliments ultra transformés (AUT).

Une vision productiviste de l’autonomie alimentaire que nous ne partageons pas!

L’alimentation saine

Une étude récente, montre que 48,3 % de l’apport calorique quotidien de la population canadienne provient des aliments ultra-transformés, ce qui en bout de ligne se traduit par une augmentation de maladies chroniques.

Comment expliquer cet engouement? En grande partie par une méconnaissance des apports nutritifs des aliments et leur coût attractif. Selon un sondage Léger de 2020, 3 Québécois(es) sur 4 perçoivent les aliments locaux comme étant sains, ce qui n’est pas toujours le cas.

Le rapport de la Commission EAT-Lancet illustre clairement ce fossé alimentaire entre la consommation actuelle en Amérique du Nord et un régime alimentaire durable. Notre surconsommation de produits d’origine animale est évidente, en particulier pour la viande rouge, la volaille et les œufs alors que notre consommation de protéines végétales reste minime.


Source : Rapport de la Commission EAT-Lancet, 2019

Certaines statistiques montrent cependant que le virage vers un régime aligné sur les principes de la saine autonomie alimentaire est amorcé. Au Canada, 26 % de la population se dit flexitarienne (c’est-à-dire qu’elle limite sa consommation de viande, sans être exclusivement végétarien), 35 % consomme peu ou pas de viande et on a noté une hausse de 58 % de consommation de protéines végétales au Québec entre 2004 et 2015.

Afin de soutenir ce mouvement, il sera important dans les années à venir de renseigner les consommateurs et consommatrices sur les options disponibles afin de faciliter l’adoption d’une alimentation plus saine pour leur santé et celle de la planète!

L’engagement de toutes et tous envers les cultures québécoises contribuera à soutenir leur production sur les fermes locales et leur mise en marché de proximité, afin de prendre le virage nécessaire vers la saine autonomie alimentaire.

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