Aller à la navigation Aller au contenu

Actualité  •  4 min

Le bonheur, bien plus qu'un état d'âme

Colleen Thorpe

Directrice générale

Publié le 

lettre_de_colleen.jpg

Colleen Thorpe, notre directrice générale, vous partage sa vision du bonheur en tant que leader, mère et citoyenne.

Question : On entend de plus en plus parler du concept de l’économie du bonheur. Mais à quoi cela réfère exactement?

L’économie du bonheur vise à fondamentalement repenser nos façons de vivre, notre rapport au temps, à la croissance et à l'argent afin de se recentrer sur ce qui nous rend vraiment heureux.se. Ça implique un changement total de perspective à tous les niveaux pour bâtir une économie qui favoriserait notre bien-être, notre qualité de vie, une vraie connexion des humains avec la nature, etc.

Mais malheureusement le système actuel dans lequel nous vivons se base surtout sur la croissance économique infinie, le profit et la consommation. Pourtant nous savons qu’à partir d’un certain seuil, l’argent ne contribue ni à notre bonheur, ni à notre mieux-être. C’est pourquoi nous devons agir collectivement pour repenser le système et mettre en place des conditions qui favorisent le bonheur de tous et toutes en respectant les limites des écosystèmes. Mais les préjugés ont la vie dure et il est devenu difficile de voir comment l’économie peut et doit contribuer directement au bonheur… autre que matériel!

Cela peut paraître irréaliste voire irréalisable mais pourtant l’histoire nous a montré que nous sommes capables de changer notre société pour en bâtir une meilleure. Nous le vivons d’ailleurs actuellement. Ce qui semblait impossible hier est finalement possible et même nécessaire aujourd’hui.

Q: Quel est notre rôle, individuellement et collectivement?

L’économie du bonheur est née de la société et doit vivre par la société elle-même, ce qui implique la contribution de tous et toutes pour y arriver. En tant qu’individu et citoyen-ne, nous sommes co-responsables du système dans lequel nous vivons.
Un premier pas vers le changement est de s’avouer notre part de responsabilité pour pouvoir passer à l’action.

À l’échelle individuelle, nous devons nous questionner sur ce qui a vraiment de la valeur dans nos vies et sur ce qui nous rend profondément heureux.
Parfois nous perdons de vue l’essentiel à tel point que nous priorisons notre travail plutôt que notre famille et nos amis et notre argent passe parfois avant notre bien-être. Nous ne donnons plus assez d'importance à ce qui est nécessaire pour notre bonheur. Replacer nos priorités et oser privilégier le bonheur, voilà ce que nous devons faire.

À l’échelle collective, nous devons nous réapproprier notre système. L’économie est un concept qui semble difficile mais qui devrait être accessible à tout le monde. La manière dont nous gérons notre système devrait être à notre portée pour que chaque personne puisse y contribuer.

Faire face à l’urgence sanitaire et climatique, tout en construisant un système plus résilient et plus humain est un double défi que le gouvernement ne peut relever seul.

Q: Comment Équiterre s’inscrit dans l’économie du bonheur?

Pour y œuvrer depuis plus de 12 ans, je dirais que c’est l’essence même de la mission d’Équiterre : créer une société plus juste, plus équitable et plus verte qui, en bout de ligne, favorisera une économie davantage axée sur le bonheur que sur la croissance.

De par tous ses projets, Équiterre tend à accompagner les citoyen-nes, les organisations et les gouvernements vers un changement de perspective et une intégration dans leur quotidien des gestes qui ont le pouvoir de changer notre système et de recentrer notre économie sur des valeurs plus humaines.

Dès nos premiers projets, nous avons travaillé pour y parvenir.
Comme par exemple avec le Réseau des fermiers de famille, pour offrir de meilleures conditions de vie et de travail aux agriculteurs québécois, alors que l’économie de masse ne leur permettait pas de vivre selon leurs valeurs. Ferme par ferme, nous les avons appuyés afin de leur permettre de vivre décemment de leur métier. Ce qui bénéficie directement au reste de la société qui a maintenant accès plus facilement à une alimentation saine et locale.

Aujourd’hui nous continuons de combattre les obstacles et les dangers qui fragilisent notre planète et nos sociétés.

Notre vision en alimentation institutionnelle témoigne de l’importance de revenir à l’essentiel : rétablir le lien entre la ville et la campagne, connaître son écosystème, avoir recours à des circuits courts, donner accès à des aliments de qualité à tout le monde.

De même que nos projets en mobilité qui favorisent un mouvement vers le transport actif, et zéro émission… Quand nous savons que la pollution tue des millions de personnes à travers le monde, et que le vélo et la marche ont des bienfaits prouvés sur notre corps et notre esprit, le transport est devenu un enjeu primordial auquel nous nous devons de trouver des solutions rapidement.

La consommation responsable est aussi au cœur de notre bataille. Et cela va même au-delà d'être seulement “responsable”, c’est de parvenir volontairement à réduire notre consommation afin de pouvoir mettre en relief notre bonheur face à l’accumulation matérielle.

Q: En tant que leader, mais aussi en tant que citoyenne et en tant que mère, comment cela s’inscrit dans votre quotidien?

Selon moi, l’engagement et la connexion aux autres et à la nature sont primordiaux pour pouvoir changer notre système et créer une société qui nous ressemble.
Mon engagement commence par le fait de tisser des liens, de connecter avec les individus, de faire des ponts avec les personnes différentes de moi et d’être ouverte à cette différence.

Professionnellement, cela se retrouve dans ce que je vis au quotidien. J’essaie d'insuffler aux employés d’Équiterre que la performance et la productivité au travail naissent de la motivation à vouloir provoquer le changement et de cette connexion qu’on établit ensemble chaque jour. Je leur rappelle aussi qu’il est important de trouver l’équilibre entre la vie personnelle et professionnelle. Sans cet équilibre je pense qu'il n’est pas possible de donner le meilleur de soi-même.

Du point de vue personnel, j’ai un long historique d’implication dans la garderie et dans les écoles de mes enfants, c’est en partie comme ça que j’inculque à mes enfants mes valeurs et que je leur donne le goût à leur tour de s’engager pour créer un monde plus humain, plus vert, plus juste. Et plus heureux surtout.