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Opinion  •  3 min

Avenir énergétique : pourquoi le ministre n'a pas le temps pour un BAPE?

Marc-André Viau

Directeur, Relations gouvernementales

Publié le 

En début d’année, j’ai écrit une lettre ouverte et Équiterre a lancé une campagne sur l’importance de tenir un débat de société au Québec sur l'utilisation de notre précieuse énergie verte dans les années à venir. Le Premier ministre avait lui-même convié le Québec à un grand débat de société sur notre avenir énergétique lors de son discours d’ouverture en novembre dernier. On s’entend là-dessus, par contre on s’attend à ce que les enjeux environnementaux et de développement durable soient étudiés sous la forme d’une consultation générique menée par le BAPE.

Depuis, il s’est passé beaucoup de choses.

  • Plus de 9500 signataires de notre pétition (que je vous invite à signer et relayer si vous ne l’avez pas déjà fait) et 100 groupes - incluant des groupes non environnementaux - ont également réclamé une consultation menée par le BAPE.

  • Entretemps, le premier ministre a mis cette dite consultation publique dans les mains du ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie et ministre responsable du Développement économique régional, monsieur Fitzgibbon.

  • Toutefois le ministre Fitzgibbon s’oppose à la tenue d’une consultation générique par le BAPE sous motif qu’elle ‘prendrait trop de temps’. C’est pourtant grâce à l’étude du BAPE qu’on a mis le couvercle sur la marmite de GNL Québec - un projet qui par ailleurs avait l’appui du ministre Fitzgibbon.

Le ministre n’a pas le temps de lire la loi sur Hydro Québec non plus et il pense qu’il est le seul maître à bord pour remplacer la présidente sortante, Sophie Brochu. Le gouvernement veut aller vite dans le dossier énergétique et il tourne les coins ronds.

Comment est-ce que le ministre peut ne pas investir de temps? Préférerait-il ne pas étudier tous les angles de la question et ne pas prendre en considération toutes les perspectives?

Pourquoi le BAPE est nécessaire

Le BAPE permet d’élaborer une vision claire sur un enjeu sous la loupe environnementale et du développement durable pour aider la prise de décision du gouvernement. Il est aussi ouvert à la participation de chaque citoyen et citoyenne du Québec, contrairement à une commission qui est seulement ouverte à des expert(e)s.

Une consultation par le BAPE, ça prend combien de temps?

Une consultation publique menée par le BAPE, ça ne prend pas trois ans. Par exemple, le BAPE a tenu une enquête, une audience publique et publié un rapport portant sur L’état des lieux et la gestion des résidus ultimes en un an.

Et qui décide?

  • C’est le ministre de l’environnement, en l’occurrence M. Charrette, qui décide si oui ou non, on confie un mandat au Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE). Le ministre de l’énergie et de l’économie n’a pas cette autorité-là.

  • D’ailleurs, le ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie n’a pas de mandat environnemental ni de développement durable. Cette lacune doit être comblée dans la définition de la vision énergétique.

On sent que le gouvernement ne veut pas trop que les Québécoises et les Québécois se mettent à discuter des enjeux liés à notre avenir énergétique, qu’il ne veut pas vraiment nous inviter dans la conversation. Le gouvernement semble avoir déjà son idée toute faite et souhaite l’imposer plutôt que d’entendre l’avis de la population. Il préfère prendre les décisions derrière des portes closes.

Mais il faut que notre avenir énergétique soit une préoccupation du grand public! Ces questions sont trop importantes pour notre avenir collectif. Nous devons nous assurer que les priorités des Québécois(e)s, des communautés autochtones et des expert(e)s et leur vision du développement de la société soient entendues. Il faut donc absolument que le véhicule choisi pour la consultation soit inclusif. C’est pour ça que nous demandons un BAPE.

Pour construire une vision de notre avenir énergétique, ensemble

Personne n'a toutes les réponses, mais nous avons une bonne idée du chemin à emprunter pour nous permettre de créer cette vision ensemble. Équiterre aura beaucoup à contribuer et nos sympathisant(e)s auront beaucoup à dire aussi sans doute, SI le gouvernement nous donne la chance.

D’ici la tenue de cette consultation publique, voici nos demandes principales:

  • On priorise la décarbonation des industries prioritaires (transport, bâtiments, industrie).

  • On réduit au maximum notre consommation d’hydrocarbures.

  • On utilise les énergies renouvelables, de façon sobre et efficace, en respectant les limites des capacités de production.

  • Lorsque nécessaire, on développe notre capacité énergétique de façon à ce qu’on limite les impacts sur la biodiversité et les communautés locales.

  • On ne fait pas de surexploitation des ressources au nom du développement économique.

Prenons le temps qu’il nous faut pour avoir une vraie discussion collective. La sobriété énergétique ce n’est pas de partir son lave-vaisselle à minuit, c’est faire les bons choix dans notre développement qui auront un impact sur notre consommation énergétique.