Montréal, 21 mai 2025 - Le Québec tourne une page majeure de son aventure dans l’électrification du transport scolaire. Alors que Lion Électrique, principal fournisseur d’autobus scolaires électriques (ASE) au Québec, est sauvé de justesse de la liquidation, le gouvernement confirme qu’il ne rendra plus obligatoire l’achat d’ASE dans son Programme d’électrification du transport scolaire (PETS).
Le Québec abandonne son leadership en électrification
L’Alliance canadienne pour l’électrification des autobus scolaires (ACEAS), coordonnée par Équiterre et Green Communities Canada, dénonce vivement la décision du gouvernement Legault de suspendre l’obligation d’achat d’ASE, une mesure phase adoptée en 2021.
Cette volte-face met en péril la santé des enfants, freine la réduction des émissions de gaz à effet de serre et compromet l’innovation locale en préférant rouvrir la porte aux autobus diesel américains.
« Le Québec, qui se targuait d'être un chef de file en matière d'électrification du transport scolaire, revient donc à la situation d'il y a cinq ans - sans réglementation ni objectifs ambitieux - comme nos voisins de l'Ontario »
- Henri Chevalier, conseiller en mobilité durable chez Équiterre et co-coordonnateur de l’ACEAS.
L’ACEAS reconnaît toutefois le renouvellement et la bonification du PETS, une mesure essentielle pour atténuer le coût élevé des ASE.
Un monopole qui freine la transition
L’ACEAS déplore le maintien de la clause d’assemblage canadien dans le PETS, qui confère un quasi-monopole à Lion Électrique, malgré l’incapacité actuelle de l’entreprise à répondre à la demande. Avec des réductions d’effectifs et des délais de livraison persistants, le risque de bris de service à la rentrée est bien réel. Rappelons qu’en 2023-2024, les bris de service en transport scolaire ont atteint en moyenne 137 par jour, laissant 5 500 élèves sans service.
Face aux délais de livraison persistants, le gouvernement a déjà prolongé la durée de vie légale des autobus diesel de 12 à 14 ans. Or, environ 800 autobus devront être remplacés cet automne, avec un risque élevé de retards, qu’il s’agisse de modèles électriques ou thermiques.
« Si nous en sommes là aujourd'hui, c'est parce que la majorité de la demande a été concentrée sur un seul manufacturier, dont la rentabilité dépendait en partie de subventions fédérales qui ont été retardées. Nous avons mis tous nos œufs dans le même panier, et aujourd'hui, nous en subissons les conséquences »
- Henri Chevalier, conseiller en mobilité durable chez Équiterre et co-coordonnateur de l’ACEAS.
Des solutions à portée de main
L’ACEAS recommande au gouvernement de :
Réinstaurer l’obligation d’achat d’ASE ou, à tout le moins, mettre en place un quota évolutif d’ASE dans les nouvelles acquisitions des transporteurs scolaires, débutant à 50 % en 2026 et augmentant progressivement jusqu’à 100 % en 2030.
Assouplir temporairement l’exigence d’assemblage 100 % canadien, en permettant l’admissibilité d’autres fabricants.
Développer une véritable stratégie industrielle verte pancanadienne coordonnée entre les juridictions pour structurer une filière d’ASE résiliente, augmenter et diversifier l’offre, éviter les situations de quasi-monopole comme celle de Lion Électrique et faire des ASE un levier de développement économique, social et environnemental.
Conditionner tout financement public pour les fabricants à des exigences claires en matière de performance industrielle, de retombées socio-économiques et environnementales, afin de garantir que les investissements publics servent durablement l’intérêt collectif.
À propos de l’ACEAS
L'Alliance canadienne pour l’électrification des autobus scolaires (ACEAS) est une initiative qui réunit diverses parties prenantes provinciales et fédérales du secteur du transport scolaire notamment des commissions scolaires, des organisations environnementales et des fabricants d'autobus. Leur objectif est de plaider en faveur de politiques visant à accélérer la transition des autobus scolaires alimentés au carburant fossile vers des autobus scolaires électriques, conformément aux objectifs climatiques du Canada.
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