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Opinion  •  2 min

Northvolt : Réponse à Richard Desjardins et Henri Jacob

Colleen Thorpe

Directrice générale

Publié le 

Dans un texte au propos fort pertinent sur l'impact du développement industriel sur la biodiversité, Richard Desjardins et Henri Jacob dénoncent le rouleau compresseur du ministre de l'Économie Pierre Fitzgibbon, en particulier dans le cas du projet de l’usine Northvolt en Montérégie.

En ce sens, ils font écho au propos d'Équiterre dans une lettre ouverte publiée dans Le Devoir il y a quelques semaines. La Fondation David Suzuki a, de son côté, invité la population à signer la pétition concernant la demande d’une enquête du BAPE sur ce projet et a récemment rencontré des citoyen.ne.s de la région afin de les accompagner dans leur mobilisation.

Cette tendance à l'affaiblissement des mécanismes de participation publique sur les enjeux environnementaux n'est pas nouvelle. Elle est centrale dans la loi sur l'accélération des projets d'infrastructures du gouvernement actuel, une politique que nous avons vivement dénoncée par le passé, conjointement par Équiterre et la Fondation David Suzuki en commission parlementaire, ce que nous continuons à faire encore aujourd'hui.

Il y a un plus d’un an, le dézonage des certaines terres agricoles à Bécancour a pavé la voie à l'implantation d'une usine de batterie qui servira à alimenter des VUS de luxe et des camions Hummer : une aberration que nous avons aussi souvent dénoncée sur la place publique.

La réalité, c’est que les organismes comme les nôtres mènent bien souvent ces combats avec nos membres et sympathisant.e.s loin des caméras, des micros et des sections «opinion» des grands médias.

Si la critique de la politique industrielle et énergétique est pertinente, on se désole toutefois des propos dérogatoires de messieurs Jacob et Desjardins envers des organismes environnementaux qui se battent chaque jour pour le bien commun, pour la préservation de la nature, de la biodiversité, de nos capacités de production alimentaire ou encore pour une électrification des transports plus humaine et collective.

De plus, dans un rapport rédigé sur la justice environnementale, la Fondation David Suzuki recommande l’amélioration de la participation du public dans la prise de décision environnementale en lien avec le BAPE et la bonification du cadre juridique, afin d’assurer la prise en compte des impacts cumulatifs des projets réalisés sur le territoire québécois.

Affirmer que nos organisations ont choisi le silence, c’est ignorer sciemment le travail de nos équipes de même que toutes les études, analyses, publications et la mobilisation qui le sous-tend, d’ailleurs rapidement accessible avec une simple requête sur un moteur de recherche.

Leurs critiques acerbes se basent sur un portrait bien incomplet, mais qui illustrent maladroitement un cri du cœur en faveur d’une mobilisation forte de la société civile. Nous sommes d’accord sur l’objectif, mais pour y arriver nous avons besoin d’unir nos forces pour affronter celles qui se démènent pour piller le vivant et menacer notre avenir collectif.

Malheureusement, les récriminations sans nuances comme celles de messieurs Desjardins et Jacob contribuent à créer davantage de polarisation.

Voilà quelque chose dont nous n’avons pas besoin en ce moment.

  • Colleen Thorpe, directrice générale d'Équiterre
  • Sabaa Khan, directrice générale pour le Québec et l'Atlantique de la Fondation David Suzuki