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Vers l’économie du bonheur, un geste à la fois

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Nous parlons depuis des mois de relance économique, mais voulons-nous vraiment nous relancer exactement dans le même système économique dans lequel nous vivions avant la pandémie, ou voulons-nous tirer profit de ce que la pandémie nous a appris pour recentrer notre économie sur des principes de bonheur et de bien-être collectif?

Il existe une alternative à notre système économique, centré sur la consommation, les inégalités et l’exploitation non-durable de nos ressources. On appelle ça l’économie du bonheur. Ça sonne plutôt bien, non?

D'ABORD, C'EST QUOI L'ÉCONOMIE DU BONHEUR?

L’économie du bonheur vise à fondamentalement repenser nos façons de vivre, notre rapport au temps, à la croissance et à l'argent afin de se recentrer sur ce qui nous rend vraiment heureux.se. Elle prend forme avec de multiples initiatives partout au Québec mais aussi avec des chercheurs universitaires et des économistes qui se penchent sur la question.

Qu’est-ce qui nous rend heureux-se? Ce ne sont pas les heures supplémentaires au travail ou nos courses au centre d’achat qui nous viennent en tête lorsqu’on songe à nos meilleurs souvenirs. On se rappelle souvent davantage des repas entre amis ou des moments en famille, des moments qui ne sont pourtant pas calculés avec des indicateurs comme le PIB, souvent utilisé pour décrire la « richesse » d’une société.

C’est un fait, l’accroissement du PIB n’implique pas l’accroissement du bonheur, et si notre objectif ultime est d’être heureux-se, l'objectif de notre économie devrait être alors de maximiser le bonheur de la société et non de maximiser le PIB. Voilà ce que propose l’économie du bonheur.

Ce n’est pas facile de changer nos habitudes ou d'imaginer un système autre que celui dans lequel nous vivons. Saviez-vous que les pays utilisent le PIB pour mesurer leur « richesse » depuis... 1944! Le monde a bien changé depuis... Peut-être serions-nous collectivement prêt.e.s à améliorer ce modèle? Le tout incite à une importante réflexion à la fois sur nos choix individuels, collectifs et systémiques.

Allons-y, un geste à la fois….

COMME COLLECTIVITÉ : DÉCOUVREZ ET ENCOURAGEZ LES INITIATIVES LOCALES

Il existe une pléiade d’initiatives qui tendent vers l’économie du bonheur au Québec – des exemples qui aident à illustrer comment le bonheur se manifeste lorsqu'on mise sur les valeurs de relations humaines, valorisation du temps et du talent de chacun.e, partage, rapport à la nature etc. Les initiatives d’économie sociale et solidaire ou les entreprises certifiées « B Corp » en sont des exemples.

Voici des exemples qui valent mille mots. Renseignez-vous sur des initiatives semblables autour de chez vous, et encouragez-les!

L’absence de services alimentaires de proximité dans des communautés reculées a fait naître de belles initiatives aux quatre coins de la province, comme au Saguenay-Lac-Saint-Jean, dans la MRC de Maria-Chapdelaine : un comptoir d’alimentation à des prix très abordables pour faciliter l’accès aux produits frais et denrées alimentaires de bases aux plus démunis. L’organisme est géré par des bénévoles et l’ensemble des profits est injecté dans la MRC ou dans le comptoir. En plus, le comptoir dispose d’un café, pour briser l’isolement des personnes.

  • Solon, pour partager, créer et innover au sein de sa communauté

Cet organisme accompagne les citoyen-nes dans l’élaboration de projets collectifs locaux, pour favoriser des milieux de vie conviviaux, solidaires et écologiques. Que ce soit par le développement d’un marché solidaire autogéré, des ateliers de transition ou des comités de voisinage etc., ces initiatives ont pour but de resserrer les liens communautaires tout en luttant contre les changements climatiques.
Parmi leurs projets phares : LocoMotion, un système de partage de véhicules au sein d'un voisinage!

Les Accorderies reposent sur un principe d’échange de temps et de services pour les habitant.e.s d’une même ville ou d'un même quartier. Ainsi, une heure de jardinage offerte équivaut autant à une heure de cours de piano ou de cuisine par exemple!
Le réseau s’étend partout au Québec, de Gaspé à Sherbrooke.

Touski s’répare est une communauté de partage de ressources et d’expertises pour la réparation d’objets destinée à tous.tes. D’abord virtuel sous la forme d’un groupe Facebook, ce projet a maintenant son propre « café réparation » dans le quartier Villeray à Montréal. Mon atelier de quartier offre une « matériothèque », des ateliers de formation et un café zéro déchet où les citoyen-nes peuvent s’y retrouver pour donner une nouvelle vie à leurs objets défectueux. L’objectif de cette initiative est de redonner le goût de faire les choses soi-même en restant au cœur de leur quartier et en bout de ligne de développer naturellement des comportements écologiques, sans les forcer.

Jetez aussi un coup d'œil aux initiatives semblables partout au Québec : La Patente à Québec, Bibli’Outils à Gatineau, les initiatives ponctuelles de Repair Café (cafés réparation) ou encore le réseau des Ruches d’art. Des initiatives qui nous permettent de nous rassembler, qui peuvent nous faire du bien et nous procurer du bonheur!

COMME CITOYEN : IMPLIQUEZ-VOUS ET DISCUTEZ-EN AUTOUR DE VOUS

S’intéresser à la vie de sa municipalité ou de son quartier peut nous apporter du bonheur. Un enjeu vous tient à cœur? Pourquoi ne pas assister à votre conseil municipal? Ou encore, participez aux consultations citoyennes ou impliquez-vous dans le comité de parents à l’école de vos enfants. C’est une façon de participer au bien-être de votre communauté. N’hésitez pas à inviter un proche pour vous accompagner dans vos démarches. Parfois, c’est moins intimidant à deux!

COMME INDIVIDU : QUE PUIS-JE FAIRE POUR ENCOURAGER UN VIRAGE VERS L'ÉCONOMIE DU BONHEUR?
 

● Repensez votre relation au travail

« Je manque d'argent pour tout payer! Je dois travailler plus… » Et si on envisageait cette problématique à l'envers? La vie peut parfois nous coûter moins cher si on travaille moins. Pourquoi? Parce qu'on peut prendre le temps de cuisiner et de concocter des plats plutôt que d'acheter du prêt-à-manger. Nous avons plus de temps pour dégoter des articles de seconde main ou pour réparer nos objets plutôt que d'acheter neuf. Nous réduisons aussi nos frais de déplacement.

Et surtout, quand on est moins stressé.e, on ressent moins le besoin de faire des achats compulsifs pour décompresser.

Collectivement, des gens épanouis qui ont le temps de bien manger et de faire de l'exercice coûtent aussi moins cher au système de santé. À titre indicatif, les coûts directs et indirects (comme l’incapacité au travail) en santé mentale s'élèvent à 50 milliards de dollars par année au Canada.

En diminuant les heures de travail, les employeurs peuvent aussi compter sur du personnel plus reposé, engagé et concentré dans son travail. Si votre contexte professionnel vous le permet, songez à en discuter avec votre employeur. Vous pourriez demander une semaine de travail plus courte ou certains jours de travail sans solde par exemple. Bien sûr, tout le monde n'est pas en mesure de diminuer ses heures de travail, c'est pourquoi une réforme du système est impérative afin de garantir par exemple un seuil minimal avec des salaires justes pour tout le monde et des horaires plus flexibles.

Et vous, que feriez-vous avec 5 ou 10 heures de plus par semaine?

● Repensez votre consommation

Les biens matériels n’ont qu’un impact éphémère sur le bonheur, c’est pourquoi les achats compulsifs ne seront qu’une réponse temporaire à notre bien-être.

Cela n'implique pas d'arrêter de consommer, mais plutôt de consommer différemment.
Il existe de nombreuses alternatives à l’achat d’objets neufs : soyez créatifs et utilisez ce que vous possédez déjà, empruntez ou échangez des objets autour de vous - des possibilités à portée de main et à coût nul mais qui amènent du bonheur, de la fierté!

Prenez le réflexe de l’achat de seconde main - de plus en plus de plateformes voient le jour pour permettre l’échange de biens de façon sécuritaire! - ou bien fabriquez-le vous-même : d'innombrables tutoriels en tous genres existent pour vous permettre d’apprendre à fabriquer vos propres produits ménagers, à transformer votre vélo, etc.

S’il n’existe pas d’alternative, pratiquez le +1 -1 : si vous achetez quelque chose de nouveau, débarrassez-vous de quelque chose que vous possédez : donnez-le à un organisme de charité, vendez-le, ou offrez-le en cadeau à un proche pour qui ce sera utile. Votre générosité est également une source de bonheur pour vous et pour d'autres!

● Mettez le bonheur à votre agenda

Il est souvent difficile de trouver du temps pour ce qu’on ne prévoit pas dans son quotidien. Alors au même titre que vos réunions et autres tâches que vous inscrivez à votre agenda, planifiez du temps pour des activités qui font du bien. Faites-en une habitude : c'est plus facile de se motiver quand on intègre une nouvelle activité dans sa routine.

Chaque jour, offrez-vous du temps en plein air, été comme hiver, par exemple une marche sur l'heure du midi. Même 10 ou 15 minutes permettent de s'aérer l'esprit. C’est même prouvé : passer du temps dans la nature nous apaise et a un impact bénéfique sur notre santé mentale… et notre santé physique aussi!

À l'inverse, parfois casser la routine permet de ralentir. Une course à faire? Pourquoi ne pas troquer la voiture pour une longue marche? Vous êtes à vélo? Tentez un détour de votre trajet habituel pour explorer de nouvelles rues.

Bref, ce sont des petits mécanismes simples qui vous permettront d’incorporer de nouvelles habitudes bienfaitrices!

Nous sommes tous responsables de créer un système qui privilégie et optimise notre bonheur. Changer les choses est une responsabilité collective. Et changer le système, ça commence par des changements dans votre quotidien.