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Ce billet de blogue a été écrit par Hannah McKinnon, gestionnaire programme national, Environmental Defence. Tous les hyperliens de ce texte mènent vers des pages en anglais.
Lorsque le département d’État américain a publié le rapport préliminaire de l’évaluation des impacts environnementaux du projet de pipeline Keystone XL pour le transport des sables bitumineux au début mars, de vives réactions n’ont pas tardé à se faire entendre partout en Amérique du Nord. Nous vous présentons quelques-uns des points importants à connaître au sujet de ce rapport.
1. Le chaînon manquant
Sans le pipeline Keystone XL, l’industrie des sables bitumineux ne pourrait maintenir une croissance à un rythme aussi effréné. Le gouvernement le sait. L’industrie le sait. Les économistes le savent. Sans nouveau pipeline pour transporter les sables bitumineux, il devient inutile de les exploiter. Bien que le projet Keystone ne soit pas le seul en lice, les autres propositions de pipelines pour le transport des sables bitumineux (Northern Gateway d’Enbrige et TransMountain de Kinder Morgan) affrontent une telle opposition au Canada qu’on est loin de la pelletée de terre. Les propositions pour la conversion de pipelines existants, comme le projet d’inversion de la ligne 9 d’Enbridge, rencontrent également une grande opposition. Tout ça survient en dépit du fait que le Canada ait révoqué ses propres lois environnementales afin d’accélérer l’acceptation de tels projets.
Les sables bitumineux représentent la source de pollution qui connaît la croissance la plus rapide au Canada. Cette exploitation entravera tous les autres efforts déployés au pays pour combattre les changements climatiques au cours des 7 prochaines années (ces données tiennent uniquement compte de la production, il n’est même pas encore question de la combustion). Aucune règlementation fédérale ne régit ce type d’exploitation ici.
La croissance projetée des sables bitumineux – et la « croissance inévitable » que prévoit le département d’État – s’inscrit dans le modèle de l’Agence internationale de l’énergie qui fait mention d’un réchauffement climatique de 6 degrés Celsius. Cette donnée équivaut à trois fois les 2° Celsius que notre gouvernement avait promis d’éviter. Le département d’État agirait de façon irresponsable en ignorant ce fait plus longtemps.
Le Président Obama a affirmé qu’il était prêt à affronter la crise climatique de front. Pour y parvenir, son gouvernement doit dire non au projet Keystone XL en raison de ses impacts environnementaux.
2. Tout sur les exportations
Les experts en sont arrivés à la conclusion que Keystone XL serait un pipeline qui « traverserait l’Amérique sans la desservir ».
Les grandes pétrolières qui exploitent les sables bitumineux souhaitent désespérément exporter ce pétrole hors du continent afin de l’intégrer au marché mondial où elles pourront générer de plus gros profits.
Toutes les voix en faveur de l’indépendance énergétique ne connaissent pas ce fait. Elles ignorent également le point le plus important : l’unique solution pour vivre en sécurité dans un monde menacé par les catastrophes climatiques repose sur des sources d’énergie sûres, propres et renouvelables.
3. Qui en profite?
Le pipeline Keystone rapporterait des milliards aux grandes pétrolières, mais qu’en est-il de nous?
Des analyses ont démontré que les emplois que créerait la construction du pipeline seraient vraiment moins importants que ce que l’industrie affirme. De plus, des risques de déversement des sables bitumineux existent et détruiraient les milieux de vie et les écosystèmes durant des décennies, et le coût économique engendré par les changements climatiques deviendrait ingérable.
L’exploitation des sables bitumineux ne respecte pas les droits des Premières nations et certains des écosystèmes les plus fragiles au monde ne deviennent rien de moins que des lieux de décharge pour les déchets toxiques.
Les gagnants et les perdants se départagent facilement. Les grandes pétrolières remportent tout avec le pipeline Keystone, les autres perdent tous.
4. C’est maintenant à notre tour
Le rapport préliminaire reste ouvert 45 jours pour une période de consultation publique. L’engagement et la participation de la population contre le projet du pipeline Keystone XL a créé une première aux États-Unis en protestation pour une question environnementale. Il y a environ trois semaines, 50 000 personnes se sont rassemblées devant la Maison blanche pour rappeler au Président de tenir ses promesses en matière de changements climatiques et de dire non au projet de pipeline. Il s’agit du plus récent événement d’une série historique de mobilisation citoyenne des deux côtés de la frontière, et d’un intérêt de la population qui a dépassé les attentes de tous.
C’est maintenant à notre tour de peser de nouveau dans la balance.
5. Le dernier mot revient au Président Obama
Le Président a promis d’agir contre les changements climatiques. Il a promis d’incarner le Président qui libère les États-Unis de la tyrannie du pétrole, celui qui ralentit la hausse du niveau de la mer et le Président qui dirige les États-Unis alors que le pays se lève pour braver de front ses responsabilités à l’échelle mondiale pour éviter le pire des changements climatiques.
Compte tenu de ces promesses, le projet de pipeline Keystone XL ne peut être que refusé.
Une dernière réflexion – jamais nous ne laisserons tomber!
Il y a 5 ans, personne n’aurait pu prédire que le pipeline Keystone XL et les sables bitumineux de l’Alberta créeraient un tel débat à Washington. Le débat a commencé et perdure, parce qu’un mouvement populaire a refusé de rester les bras croisés et d’assister à la destruction de nos écosystèmes et à la pollution de notre environnement au nom des grandes pétrolières.
Ce mouvement est inspiré et déterminé. Le plus important? Nous avons raison et nous vaincrons.
Vous trouverez un résumé des réactions de collègues américains et canadiens* sur le blogue Desmog.
Ce billet de blogue a été publié en anglais sur le site d'Environmental Defence.
Photo par btr, source Wikimedia Commons.