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Ce n'est pas la première fois que j'assiste aux négociations climatiques internationales (c'est ma septième). Chaque ville où elles se tiennent a ses particularités, son atmosphère.
Ici à Cancun, c'est plutôt le chaos logistique qui domine en ce début de semaine. Le centre de conférence est littéralement dans un champ, à plusieurs km du centre de la ville. Il fallait compter 2 heures de taxi ou d'autobus pour s'y rendre hier matin, dans l'espoir d'assister à la plénière d'ouverture. Barrages routiers partout, gardés par des militaires masqués, plusieurs perchés sur des camionnettes, derrières des mitrailleuses sur trépied.
Ouf, je me sens déjà plus en sécurité.
Au centre de conférence même, on apprend qu'il faut prendre un bus vers... le lieu des plénières, situé quelques km plus loin! La plupart de ceux et celles qui s'y rendent se verront... refoulés aux portes de ce deuxième site, celui-ci étant complet. Re-bus vers le premier site. Où l'internet ne fonctionne pas.
Dégoûtés, plusieurs centaines de délégués ont re-bravé la circulation et les barrages de l'armée et de la police et se sont installés au bord des piscines d'hôtel pour finalement pouvoir travailler, entourés de touristes américains, québécois et canadiens un peu incrédules de voir tout ce beau monde pianoter sur leur ordi au son des mariachis.
Ça promet.
Pour ma part, je me suis rendu au Klimaforum, le Sommet altermondialiste parallèle. Comme j'y avais brièvement mis les pieds à Copenhague l'an dernier, et vu la paralysie des négociations actuelles, je me suis dis que j'y trouverais peut-être un peu plus d'espoir.
Cette année, le Klimaforum est... encore plus loin, à 20 km du centre de conférence. On y accède par la même route dominée par les barrages militaires (tiens, ça doit être un tank, sous cette bâche jaune). Puis, on s'engage dans un chemin de terre, cahoteux à souhait, pour 15 km, dans la forêt. Plus de 2h30 de taxi, à 5.
Pour aboutir sur un terrain de polo. Polo comme dans Prince Charles à cheval galoppant vers une balle, mailloche en l'air.
Passé le box des chevaux, on débouche sur une entrée ombragée, avec petit kiosque d'accueil.
On débarque enfin du taxi, après avoir couvert notre chauffeur de pesos. On s'inscrit. On nous dirige vers une terrasse en pierre dominant le terrain de polo d'un vert émeraude. Bucolique. Sous un immense toit de palme, petit bar avec machine expresso. Piscine « infiniti » donnant sur le green, avec 3 altermondialistes s'y minouchant. Des tables toutes simples sont disposées, sur lesquelles travaillent consciencieusement une vingtaine de jeunes, portables ouverts.
Pas de problème avec Internet ici, tout est impeccable.
Musique shinto-zen-salon de massage de circonstance. Luxe, calme et volupté.
Je ne me rappelle pas avoir été aussi productif depuis longtemps. En fait, si ce n'était pas si loin, j'y serais tous les jours.
Mais la vie est ainsi faite.
Éphémérides de la première journée
Passage obligé : cérémonie d'ouverture sur l'importance de sauver la planète. Musique de circonstance (à Montréal, en 2005, c'était « Ne tuons pas la beauté du monde », chanté par trois jeunes). Ouverture de séance. Dispute inévitable sur certaines règles de procédures (la recherche de consensus nuit-elle à l'élaboraton d'un accord ? - tous en coeur, en imitant Homer Simpson : deuuh). Pas de consensus sur cette question, qui est renvoyée à un groupe de travail.
Douche froide de la journée : après que la plénière eut longuement applaudi à l'idée de sauver le monde, le Japon déclare qu'il faut tuer le Protocole de Kyoto, ou en tout cas le castrer suffisamment pour qu'il ne puisse plus se reproduire.
Fossiles du jour : score parfait pour le Canada - 3 fossiles sur 3.
Prix soleil : les étoiles dans les yeux des 8 étudiants de l'Université de Sherbrooke qui nous accompagnent. Ces successeurs vont prendre la place des vieux cyniques comme moi. :-)