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Plusieurs enjeux mondiaux posent présentement un défi pour la diplomatie internationale. Ces défis sont exacerbés par le positionnement protectionniste de l’administration américaine comme nous l’avons constaté au G7 à Charlevoix, et par la suite au Sommet de l’APEC qui fut dominé par les prises de bec entre la Chine et les États-Unis.
La COP24 s’ouvre au lendemain du Sommet du G20 en Argentine, un Sommet qualifié comme le plus acrimonieux G20 de l’histoire. Malgré des relations diplomatiques tendues, le G20 a tout de même réitéré l’engagement des pays envers l’Accord de Paris, principalement en raison de la sonnette d’alarme du dernier rapport spécial du GIEC auquel le G20 a fait référence. Notons finalement le fait que le Brésil se devait d’être le prochain pays hôte de la COP25, mais que le tout nouveau président du Brésil, Jair Bolsonaro, a annoncé la semaine dernière que le Brésil ne sera finalement pas l’hôte de la COP25. En campagne électorale, le nouvel homme fort du Brésil avait également indiqué qu’il souhaitait retirer le Brésil de l’Accord de Paris. La COP se cherche donc, à la dernière minute, un nouvel hôte pour l’année prochaine.
Mais malgré ce contexte géopolitique difficile, l’Accord de Paris demeure un modèle de succès du multilatéralisme à l’échelle mondiale. Les attentes sont donc hautes, tant pour le climat que pour la coopération internationale.
Les progrès faits à la COP24 dépendront de plusieurs coalitions de pays souhaitant le succès de l’Accord de Paris dont le Ministerial on Climate Action, initié à Montréal en juin 2017. Les états insulaires jouent également un rôle critique, par exemple les Îles Marshall et Fidji sont les premiers pays à confirmer leur intention d’augmenter l’ambition de leurs cibles de réductions de GES sous l’Accord de Paris. L’efficacité de ces coalitions est d’autant plus importante pour exposer et isoler certains pays ayant l’intention de nuire aux négociations à la COP24.
En contraste avec ce contexte géopolitique, la COP24 s’ouvre sous le thème de l’urgence climatique. Lors de la cérémonie d’ouverture officielle de la COP, le premier ministre des Îles Fidji, Frank Bainimarama, a passé la présidence à la Pologne avec un appel à l’action, notant que « selon le rapport du GIEC, les pays devront quintupler leur ambition climatique afin d’atteindre notre objectif de 1.5 C sous l’Accord de Paris ».
L’argent manque toujours pour mettre en oeuvre les mesures d’atténuations et d’adaptations sous l’Accord de Paris. Pourtant, l'Allemagne a déjà annoncé une contribution additionnelle au financement climatique de $ 1.5 milliard et la Banque Mondiale annonçait à l’ouverture de la COP24 qu’elle doublait son financement à l’action climatique pour 2020-2025.
Patricia Espinosa, la responsable à l’ONU du dossier climatique, nous a rappelé que les pays jouissent d’un large consensus en faveur d'une action rapide pour le climat, la sensibilisation du public et la mise en oeuvre de solutions en raison des preuves évidentes que notre climat est en train de changer. « Nous ne pouvons tout simplement pas dire à des millions de personnes dans le monde qui souffrent déjà des effets du changement climatique que nous n'avons pas tenu promesse », a-t-elle dit.
Les dirigeants en Pologne sont donc conscients que la mobilisation citoyenne en faveur de l’action climatique est sans précédent. Durant la COP, plusieurs manifestations se tiendront à travers le monde pour contribuer à l’amplification du réveil citoyen afin de reprendre le contrôle et d’engager un virage énergétique plus ambitieux et plus juste. En réponse à la mobilisation mondiale pour l’action climatique, cette COP souhaite être également l’une des plus inclusives, avec de nouvelles règles permettant à la société civile de poser des questions et de suivre certaines négociations par l’entremise des réseaux sociaux.
Équiterre, en tant que membre officiel de la délégation du Gouvernement du Canada, aura la chance de suivre de près l’évolution des négociations et la contribution du Canada au succès de cette COP24.
Ce blogue fut rédigé en partie grâce à la présentation de Catherine Abreu, Directrice du Réseau Action Climat Canada.