Aller à la navigation Aller au contenu

Opinion  •  2 min

La question à 100 milliards de $

Publié le 

Blog - COP21 vue de l'intérieur

Lors de mon dernier billet de blogue, je rappelais que l’une des décisions prises à Copenhague en 2009 était l’objectif de limiter la hausse des températures sous la barre de 2 degrés Celcius.

L’autre décision importante prise par les pays industrialisés à Copenhague a été de s‘engager à fournir aux pays en voie de développement 100 milliards $ par année afin, d’une part de les aider à s’adapter aux impacts des changements climatiques et d'autre part, réduire leurs émissions de GES.

Vous vous dites peut-être « wow, 100 milliards $ par année, c’est beaucoup d’argent »… Ce à quoi je répondrais « oui et non ».

Vous rappelez-vous au début de la crise financière de 2008 lorsque nous avons trouvé 700 milliards $ pour sauver de la faillite les pauvres petits banquiers de Wall Street qui avaient mis l’économie du monde à genoux?

Je me souviens aussi comment ces mêmes voleurs en complets-cravates s’étaient servis de ces sommes pour se payer des bonus à peine quelques mois plus tard!

Selon plusieurs études, dont celle de l’organisme américain Oil Change International et l’Institut international du développement durable, les pays du G20 donnent encore 452 milliards $ en subvention à la production de combustibles fossiles et cela, chaque année.

Tout ça pour vous dire que bien sûr 100 milliards $ représentent un montant d’argent non négligeable, mais lorsqu’on le compare à d’autres engagements au niveau international, ce n’est pas tant que ça.

De plus, il faut comprendre que ce montant ne serait pas seulement de l’argent public, mais inclurait également de l’argent de fonds multilatéraux, banques de développement ainsi que des investissements privés.

Par exemple, le Canada a annoncé que la contribution publique sera de 800 millions $ par année à partir de 2020, mais que ce montant total sera de l’ordre de 4 milliards $. Donc, le gouvernement va chercher à mobiliser des fonds outre que ceux du public afin que notre pays fasse sa juste part.

Outre le montant et la provenance des fonds, deux questions importantes demeurent :
Quelle portion de cette somme ira à l’adaptation aux changements climatiques versus la réduction des émissions dans les pays émergeants et en voie de développement?
Quel sera le ratio entre les dons et les prêts?

Présentement, seulement environ 20 % des fonds sont destinés à l’adaptation alors que d’une part, les besoins sont criants pour les pays les plus pauvres et les moins développés et que d’autre part, on demande à ceux qui sont peu responsables du problème jusqu’à maintenant de mettre les efforts sur la réduction des émissions.

Ensuite, il y a quelque chose de profondément choquant à ce que nous prêtions de l’argent, qu’ils devront donc nous rembourser, à des pays en voie de développement afin qu’ils puissent faire face aux changements climatiques alors que nous en sommes les grands responsables.

À ce titre, l’annonce faite aujourd’hui par le gouvernement du Québec de 25 millions $ est encourageante puisque qu’environ 33 % des fonds iront à l’adaptation (remarquez, idéalement ce serait 50 %).

Avec cette annonce, Québec pose un geste important de solidarité avec ceux et celles qui subissent de plein fouet les impacts des changements climatiques et en cela, le gouvernement Couillard mérite d’être félicité.