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Opinion  •  2 min

Les mœurs changent, heureusement!

Publié le 

par :  (Unpublished) Sidney Ribaux Blog - Sidney Ribaux

Nous sommes en 1958. Une femme rencontre un homme. Ils commencent à se fréquenter. Lui n’y voit aucun problème. Elle comprend que la relation va soit se terminer rapidement ou aboutir en scandale.

L’homme est protestant et elle catholique. Non seulement est-il protestant, en plus c’est un immigrant! Un mélange diabolique pour l’époque! L’homme venu de la Suisse a de la peine à comprendre pourquoi on s’énerve autant. Il va rencontrer l’évêque catholique de la paroisse et lui demande une permission pour un mariage interreligion. Cela se fait en Europe, mais pas ici, lui explique l’évêque; l’un des deux devra abandonner sa religion.

La plupart des femmes de l’époque auraient mis fin à la relation. Mais celle-ci est résiliente. Ayant grandi dans la campagne profonde, dès l’âge de 13 ans, on l’envoie travailler comme domestique dans des maisons privées de la grande métropole, loin de sa famille. Elle doit envoyer toutes ses paies à ses parents qui sont très pauvres. C’est une vie dure, mais elle ne se plaint pas. Pour elle, c’est normal. Aussi, elle adore les familles chez qui elle fait le ménage et s’occupe des enfants.

Au fil des ans, elle rencontre des Juifs, des Italiens et des Irlandais avec qui elle noue des amitiés dont elle se souviendra toute sa vie. En dépit de son éducation catholique, elle ne les juge pas « moins bons ». Elle voit le bon dans chacun.

C’est finalement la femme qui deviendra protestante pour épouser son amoureux. Aux yeux de sa mère et de plusieurs, elle aurait aussi bien pu marier le diable que cela n’aurait pas ajouté à leur indignation! Seules quelques-unes de ses nombreuses sœurs (elle avait 2 frères et 12 sœurs) assistent au mariage. Sa mère boude la cérémonie.

Lorsque leur premier garçon atteint l’âge scolaire, l’école catholique du coin lui refuse l’accès puisqu’ils sont protestants. Qu’à cela ne tienne, ils l’envoient à l’école anglophone protestante! La petite famille suisso-canadienne n’y voit pas un rejet de leurs racines francophones, mais plutôt une ouverture vers une autre culture.

Avec le temps, la Révolution tranquille et l’évolution des mœurs de la société, la femme, ses enfants et son mari sont acceptés par sa mère, sa famille et la société.

En plus du premier garçon, le couple aura deux autres enfants. L’un d’eux deviendra environnementaliste. Il retiendra de l’histoire familiale, que pour changer les mœurs d’une société, il faut des gens résilients, déterminés, qui refusent d’accepter le statu quo. Il retiendra aussi l’ouverture aux autres cultures, aux autres points de vue.

Mais surtout, il retiendra que changer le monde, c’est possible!