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Opinion  •  2 min

Sujet hors sujet

Publié le 

par :  Hugo Séguin Blog - Femme ramassant du riz Dans un grand effort pour renverser la vapeur, les grosses pointures présentes ici – le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-Moon, le Président Zuma de l’Afrique du Sud et l’exceptionnelle Christiana Figueres, Secrétaire générale de la Convention sur les changements climatiques – ont lancé en grande pompe à Durban cette semaine l’initiative Momentum for Change.

Il était plus que temps.

Avec les sous de la Fondation Bill et Belinda Gates, les Nations Unies se lancent dans une grande campagne de communication pour démontrer que les choses bougent pour contrer le réchauffement planétaire. On a donc eu droit à des spots publicitaires léchés sur des images d’éoliennes off-shore, de glaciers en retraite et de banquises qui fondent, de panneaux solaires et d’Africains souriants. Le message : le climat change, et pour le contrer, il faut changer aussi.

Pas mal.

Il commençait à être temps que les Nations Unies se préoccupent de la qualité de leurs outils de communication et commencent à montrer les dents pour influencer un peu les choses. Le Secrétariat de la Convention sur les changements climatiques en a même profité pour refaire son image de marque, de manière plutôt réussie.

Discours de circonstance de la part des gros bonnets, allant du très bon (Figueres), du surprenant (Ban Ki-Moon, qui a lancé quelque chose comme « les femmes sont les piliers de ce continent, mais où sont les hommes africains ? »), à l’interminable discours farci de platitudes de Zuma.

Par la suite, le grand économiste du climat, Sir Nicholas Stern s’est transformé en Oprah Winfrey pour nous présenter 10 projets d’atténuation des émissions et d’adaptation à travers le monde. Il a interviewé sur scène une bergère somalienne squelettique dans un grand vêtement blanc une-pièce, un cultivateur de café mal rasé, et un Philippin édenté installateur de bouteilles de plastique vide de 2 litres de coke servant de puits de lumière dans les masures de bidonvilles. Ils étaient entourés de gens d’affaires chinois et brésiliens en complet Armani.

Choc brutal.

Enfoncés dans des canapés ou de petits poufs ronds sur la scène de la grande salle de plénière, mitraillés par des douzaines de iPhones, iPad et autres appareils photo, la bergère somalienne, le cultivateur africain et le recycleur philippin avaient l’air… hors sujet.

Ils sont pourtant, tout autant que les autres, le sujet de ces négociations, mais on ne les voit jamais habituellement dans ces conférences. Pour les complets Armani, les PhDs et autres bien nourris que nous formons ici, l’apparition du « vrai monde » est comme venue casser le party. D’ailleurs, après les discours des grosses pointures, la plénière de 2000 places s’est pratiquement vidée.

Peu de gens voulant se taper les tourments et les joies d’une bergère de Somalie.

Merci donc aux Nations Unies d’avoir rappelé, à ceux et celles qui sont restés, ce pour quoi et pour qui on est là.