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J’ai écrit dans ces pages il y a quelques semaines, que la nomination de John Kerry au poste de secrétaire d’État des États-Unis pourrait bien être le signe annonciateur d’un second mandat différent pour l’administration Obama en matière d’environnement.
Si on se fie au discours sur l’état de l’Union prononcé par le président Obama la semaine dernière, la stratégie énergétique américaine pourrait être soumise à une sérieuse transformation à court ou à moyen terme.
Dans un discours émotif, centré sur les enjeux sociaux, le président Obama a insisté sur le rôle de premier plan qu’il accordera à la question des changements climatiques et des énergies renouvelables.
Dans une déclaration publique subséquente, l’ambassadeur américain à Ottawa a même précisé que certains des engagements du président Obama en matière d’environnement pourraient avoir des répercussions au Canada.
Plusieurs ont interprété ces commentaires comme un mauvais présage pour le projet de pipeline Keystone XL, qui acheminerait vers le Texas du pétrole provenant des sables bitumineux de l’Alberta. Peu de temps avant l’élection présidentielle, Obama avait statué que le projet ne pouvait aller de l’avant dans sa forme initiale.
Il n’en fallait pas plus pour que le gouvernement Harper, les compagnies pétrolières et une bonne partie de la droite économique montent aux barricades. Chez nous, l’éditorialiste de La Presse, André Pratte, a d’ailleurs signé un papier où il affirmait que le refus d’Obama n’aurait aucun impact bénéfique pour le climat.
Ai-je besoin de vous dire que je suis en désaccord avec M. Pratte à ce sujet?
Le gouvernement Harper et les pétrolières canadiennes espéraient bien que la situation se résorberait d’elle-même après l’élection, soit en raison de l’arrivée d’un Mitt Romney conciliant, soit avec un Barack Obama qui, n’ayant plus besoin de plaire à la gauche américaine, donnerait son aval au projet.
Mais c’était sans compter l’offensive anti-Keystone, qui prend de l’ampleur aux États-Unis, et la tenue d’une série de manifestations à Washington, culminant hier avec une grande marche devant la Maison-Blanche. Il semble bien que l’avenir ne soit plus aussi rose que l’auraient espéré M. Harper et ses amis des pétrolières.
Chronique du Journal Métro