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Pour ceux qui ne le savaient pas encore, il se pratique à Montréal et dans la plupart des centres urbains une collecte de nourriture à même des conteneurs à déchets, à l’ombre des commerces alimentaires. Les adeptes le font d’ailleurs avec un succès impressionnant. Communément appelé « dumpster diving », cette pratique permet à des citoyens de manger gratuitement (ou presque) des aliments tout à fait comestibles, mais jetés aux ordures chaque jour pour différentes raisons. Certains le font par nécessité, d’autres par conviction – notamment pour réduire le gaspillage alimentaire dans ce secteur.
Je l’ai essayé avec des collègues un certain un soir d’hiver glacial de -20 degrés, question de me mettre les mains dedans, littéralement. Mon constat est plutôt ambivalent : oui c’est un geste concret ayant un impact réel, mais à très petite échelle. Bien que ses adeptes aient toute mon admiration, de par leur motivation « béton » et les conditions difficiles et extrêmement changeantes auxquelles ils font face, il doit y avoir des solutions plus accessibles, ayant un impact plus large. Après tout, c’est le consommateur qui génère le plus de gaspillage et ce, à partir de son propre frigo. Un bon point de départ pour passer à l’action.
Est-ce vraiment « Meilleur avant »?
Si je n’ai pas continué à pratiquer le plongeon en conteneur, l’expérience m’a toutefois sensibilisée à la signification des dates de péremption et des mentions « meilleur avant ». Plus souvent qu’autrement, les aliments prennent la direction des poubelles le jour même de la date fatidique. Dans les épiceries, c’est parfois une ou deux journées avant, faute d’acheteur.
Que veulent dire ces inscriptions qui nous font si peur? Rien de très grave en fait! Elles indiquent simplement que le produit est à son meilleur côté goût et valeur nutritionnelle avant la date indiquée, mais ne disent strictement rien sur sa salubrité. Finie donc l’habitude de dénicher le pot de yogourt ayant la date de péremption la plus éloignée chez mon épicier. Bienvenue celui qui va expirer dans quatre jours et qui sera consommé par mes petits gourmands (et moi) en moins de deux jours. Révolu le manège de nourrir ma poubelle des aliments ayant dépassé la date d’expiration. Dorénavant, ce sera mon nez et mon goût qui dicteront ma conduite. Les résultats sont garantis : une perte de poids drastique pour ma poubelle. Un petit geste, multiplié par la dizaine d’aliments achetés chaque semaine, qui finit par faire une grande différence.
Tout aussi important : respecter les conditions de conservation des aliments pour augmenter leur durée de vie, bien planifier les repas pour éviter les achats superflus, passer au rayon x le contenu de notre frigo régulièrement et… cuisiner! Encore aujourd’hui, il m’arrive tellement souvent de retrouver une tomate au fond d’une tablette, un restant de vinaigrette ou de couscous dans un coin et de les utiliser « in extremis ». C’est même devenu un défi de tout utiliser et de trouver une recette pour utiliser ces trouvailles afin de leur éviter le chemin du dépotoir.
Vive la différence!
Les Canadiens jettent en moyenne 123 kg de fruits et légumes par année. C’est l’équivalent de 820 pommes! C’est aussi la catégorie d’aliments qui décroche la (triste) première place au palmarès du gaspillage. Comment est-ce possible? Une quantité importante est invendue à cause de leur allure « différente » ou « imparfaite ». Pourtant, une tomate un peu craquée sera aussi délicieuse qu’une autre, des carottes à deux têtes feront un excellent gâteau, des légumes racines terreux, même flétris, seront savoureux en potage, les exemples ne manquent pas. Cuisinés avec amour (et un minimum de talent), ils nous régaleront et surtout, ils n'aboutiront pas au dépotoir.
Une autre option encore plus intéressante consiste à acheter directement auprès de producteurs maraîchers (kiosques à la ferme, marchés, paniers bio). Ceux-ci proposent des fruits et légumes « au naturel » et font fi des critères esthétiques des normes de production. C’est une manière d’en savoir plus sur l’aspect variable des fruits et légumes qui ont, plus souvent qu’autrement, une explication fort intéressante. C’est le cas des carottes qui sont parfois rabougries après avoir rencontré une roche ou des racines dans le sol. Moins de gaspillage ici aussi.
D’autres gestes concrets
Depuis que j’ai réalisé à quel point mes habitudes peuvent réellement contrer le gaspillage alimentaire, j’ai mis en pratique plusieurs trucs puisés ici et là. Inspirée par les Européens qui ont compris depuis longtemps la nécessité de s’attaquer à ce fléau et qui ont nommée 2014 l’année de la lutte contre le gaspillage alimentaire, voici une sélection de liens utiles pour passer à l’action.
Sauve ta bouffe
Dossier complet sur la gaspillage alimentaire
Rapport de la FAO sur le gaspillage alimentaire
2014 année de lutte au gaspillage alimentaire en Europe
Carte Google de points de collecte d’aliments (international)
Paniers bio d’Équiterre
Trucs de conservation des légumes
Répertoire de recettes d’Équiterre