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Opinion  •  2 min

Énergie Est mis au rancart; la fin d’une longue bataille

Publié le 

cofondateur et directeur principal d'Équiterre unnamed-1.jpg

Pour certains, le pipeline Énergie Est a été abandonné essentiellement pour des raisons économiques, pour d’autres, c’est la faute de l’Office national de l’énergie qui a changé les règles en cours de route (argumentaire invoqué notamment par TransCanada), ou encore l’opposition massive de la population québécoise… Et si la vérité se trouvait au milieu de tout ça?
 

Petit retour en arrière

C’est au mois d’août 2013 que TransCanada annonce officiellement son intention de construire le plus gros projet d’oléoduc en Amérique du Nord, soit un pipeline de plus de 4 000 km traversant 6 provinces et pouvant transporter 1,1 million de barils de pétrole par jour.

À cette époque, l’autre grand projet de TransCanada, l’oléoduc Keystone XL qui doit relier l’Alberta aux raffineries du Texas, fait face à une vive opposition à la fois sur le terrain, mais aussi auprès de l’administration Obama, qui refuse de lui octroyer le permis présidentiel nécessaire à la construction de ce pipeline. Cette dynamique a évidemment changé avec Donald Trump et le projet Keystone est maintenant de retour sur les rails.
 


Les différents groupes célébrant la fin d'Énergie Est, le jeudi 5 octobre 2017
 

Équiterre en tournée

Nous avions entendu parler du projet Énergie Est bien avant son annonce officielle et décidé de commencer à sensibiliser la population du Québec. L’une des activités que nous avons alors entreprise et qui s’est poursuivie jusqu’à ce jour est d’organiser une tournée de conférences et de rencontres citoyennes.

Un peu à la façon d’un groupe rock, nous avons sillonné le sud du Québec et même le nord du Nouveau-Brunswick afin, non pas de dire aux gens quoi faire ou penser, mais bien de présenter notre point de vue sur ce projet. Ces rencontres se faisaient tantôt à l’invitation d’un groupe de citoyens et citoyennes, d’un groupe local ou encore, bien souvent, d’élus municipaux. Mais contrairement au groupe rock, nos moyens de transport ressemblaient plus à un cocktail de trains, vélos, Communauto, qu’à un autobus de tournée!

Nous avons également travaillé avec diverses organisations comme l’Union des producteurs agricoles et rencontré les maires de grandes villes concernées, comme Gatineau, Laval et Montréal.
 

La fin

Est-ce que l’opposition farouche qui existe au Québec face au projet Énergie Est est l’unique résultat du travail d’Équiterre? Poser la question c’est y répondre, mais peut-être que, un peu à la façon d’un enzyme dans le corps humain, avons-nous aidé à allumer une bougie qui s’est ensuite enflammée d’elle-même.

C’est d’ailleurs cette mobilisation des citoyens, des municipalités, des Premières-Nations, des groupes écologistes, qui aura forcé l’Office national de l’énergie à réévaluer son travail sur Énergie Est.

En fin de compte, je suis plutôt d’accord avec les experts, tels que l’économiste et expert en matière énergétique Andrew Leach, de l’Université d’Alberta qui, dans un excellent papier publié dans le Globe and Mail, explique de façon convaincante comment TransCanada ne pouvait soutenir 2 immenses projets de pipelines de front et a choisi de mettre ses œufs dans le panier de Keystone.

J’aimerais par contre rappeler à ces experts que, n’eut été de la mobilisation citoyenne, la construction d’Énergie Est aurait déjà débuté et que ce pipeline aurait commencé, dès 2018, à utiliser le Québec comme voie de passage à plus d’un million de barils de pétrole par jour.

Merci infiniment, à vous toutes et tous, qui avez fait entendre votre voix tout au long de cette lutte.


Consultez l’historique du projet Énergie Est
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