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Bon, la maman écoresponsable s’indigne ce mois-ci. Je prends une trêve momentanée de mon positivisme écologique pour vous partager une grande déception face au système qui démontre une fois de plus l’avantage des grands sur les petits. La source de cette irritation représentera peut-être une goutte d’eau insignifiante pour certains, mais pour moi, c’est une goutte de trop, qui s'ajoute à tant d'autres où de grandes entreprises ont été favorisées au détriment de l’environnement et/ou de notre qualité de vie.
Je l’ai déjà dit, j’aime le camping et mon clan aussi. Oui, j’ose encore parler de camping après la rentrée du mois de septembre, les doux week-ends de septembre et octobre y sont tout à fait propices. Or, qui dit camping, dit aussi moustiques et autres insectes comme les tiques dont certaines sont porteuses de la maladie de Lyme. La plupart du temps, ces petites bestioles nous accueillent affamées dans leur milieu naturel.
Pour protéger ma progéniture et tous les êtres bien aimés qui nous accompagnent dans nos aventures, on a vite recours à un répulsif à insectes. Mais par n’importe lequel. Afin de ne pas s’asperger d’insecticides ou autres produits synthétiques potentiellement dangereux, j’utilise des produits à base de citronnelle depuis des lunes. À bien y penser, ma mère en utilisait déjà lorsque j’étais enfant. Oui, son efficacité est moindre que des produits plus costauds, son odeur est persistante, et le produit nous colle à la peau. Tout ça s’oublie très vite dans la perspective de conserver une bonne santé pendant longtemps. C’est l’ALTERNATIVE pour ne pas s’asperger de produits contenant du DEET ou autre produit toxique.
Mais qu’est-ce donc le DEET? Le N,N-diéthyl-3-méthylbenzamide, communément appelé DEET est une substance inventée durant la guerre du Vietnam pour protéger les soldats américains des piqûres de milliers de moustiques de la jungle humide vietnamienne. Commercialisé une dizaine d’années plus tard, il devient rapidement LE répulsif à insectes le plus utilisé au monde. En 2004, des études ont démontré des effets indésirables sur la santé et entraîné l’interdiction de vente de tout produit ayant une concentration de DEET de plus de 30 %. En 2009, d’autres études ont mis en évidence ses effets neurotoxiques. Bref, rien de rassurant, au contraire. Ce puissant solvant vient désormais avec des directives d’utilisation précises; interdiction pour les bébés, précaution pour les enfants et les femmes, règles d'application et dosage précis, qui doivent être respectées à la lettre pour ne pas causer de dommages.
Et la citronnelle, elle? On lui reproche de ne pas avoir fait l’objet de vastes études poussées, qui coûtent la peau des fesses et que seules les grandes entreprises sont en mesure de se payer. Pourtant bien des produits commercialisés, de toutes sortes, n’ont pas fait l’objet d’études poussées. Encore plus surprenant, des études ont bel et bien été menées sur la citronnelle et aucun problème de santé n’a été documenté. Pourquoi le principe de précaution est-il appliqué de manière si obstinée dans ce cas-ci? Et pourquoi les OGM, plusieurs pesticides de synthèse couramment utilisés en agriculture et certains médicaments ne font pas l’objet d’un tel acharnement?
Ce qui m’interpelle en tant que consommatrice écoresponsable est qu’une entreprise comme Druide écope de cette décision incompréhensible. En plus de fabriquer sa gamme de produits à base de citronnelle, Druide est pionnière dans la fabrication de produits corporels certifiés biologiques depuis 1979. Ce fleuron québécois s’est développé tout en mettant de l’avant ses valeurs environnementales; une grande réussite locale. Que va-t-il advenir de l’entreprise connue du plus grand nombre à cause de ses produits à base de citronnelle disponibles dans les pharmacies? À quel produit naturel « dangereux » va-t-on s’attaquer la prochaine fois? Quel produit allez vous utiliser pour éviter les piqûres d’insectes?
Pour en savoir plus sur ce dossier, vous pouvez consulter ces articles dans le Journal de Montréal et sur Canoë.