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Opinion  •  2 min

La roue tourne

Publié le 

par :  Hugo Séguin Blog - Cancun, la roue tourne (oeil et continents)

On trouve parfois des perles profondément enfouies dans les arides décisions onusiennes. J'en ai trouvé une ce matin, en lisant les conclusions des ententes des dernières heures.

La conférence de Cancun s'est conclue hier sur une bonne note. Les décisions prises cette nuit réitèrent des acquis des dernières années, jettent les bases d'un traité pour l'an prochain à Durban et contournent des obstacles en prolongeant les discussions. Le Protocole de Kyoto n'est pas mort sur une plage mexicaine, malgré les efforts du Japon et de la Russie, avec la complicité discrète du Canada.

Le processus continue, en ayant exorcisé en partie les fantômes de Copenhague.

Les conclusions des travaux du Groupe de travail ad-hoc sur la vision commune à long terme sont la résultante d'un exercice de projection dans le futur et montrent la voie à suivre pour la communauté internationale. Plus de 180 pays ont participé à leur rédaction. Le texte a été adopté tout à l'heure à l'unanimité. L'article 10 se lit (en anglais, la traduction n'étant pas encore sortie) comme suit :

[The Conference of the Parties]

« Realizes that addressing climate change requires a paradigm shift towards building a low-carbon society that offers substantial opportunities and ensures continued high growth and sustainable development, based on innovative technologies and more sustainable production and consumption and lifestyles, while ensuring a just transition of the workforce that creates decent work and quality jobs. »

Les principaux éléments de ce en quoi je crois s'y trouvent.

Combattre les changements climatiques nécessitent un changement de paradigme. Une transition vers une société sobre en carbone, à travers une transformation radicale des systèmes énergétiques mondiaux. Une société qui encourage une croissance économique pour les pays les plus pauvres, fait une large place aux nouvelles technologies, procure des emplois de qualité et vise des modes soutenables de production, de vie et de consommation.

La vision à long terme est là.

Certains ne l'aimeront pas. Parce qu'adopter cette vision signifie en écarter une autre.

Dans la vision à long terme adoptée hier par les pays du monde, peu de place pour le développement des industries pétrolières, charbonnières et gazières, ainsi qu'aux intérêts qui s'y rattachent. Et beaucoup moins de place au consumérisme et à la société de (sur)consommation.

Cette vision heurte de plein fouet de puissants intérêts. Qui ne se laisseront pas faire facilement et qui vont se battre férocement pour maintenir leur domination et leurs privilèges.

Mais je crois que c'est la vision du développement durable qui va l'emporter, au final.

Je suis arrivé ici à Cancun habité par les fantômes de Copenhague, le moral plutôt au fond du baril. Au cours de ces deux semaines, j'ai repris contact avec ce qui bouge partout dans le monde : des entreprises, des technologues, des scientifiques, des municipalités et des États fédérés. Nous avons été entourés de milliers de personnes qui poussent dans la même direction, et qui partagent la même vision.

Contrairement à d'autres forums onusiens, les gens qui sont ici sont jeunes. Les femmes représentent facilement la moitié des participants. Les représentants du Sud, quoique toujours largement sous-représentés, sont de plus en plus nombreux.

Tous sont là pour rester et pousser dans la même direction.

La roue tourne.

Aidons-là à tourner plus vite.