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Opinion  •  3 min

La vérité n'est pas toujours facile à entendre

Publié le 

par :  (Unpublished) Sidney Ribaux Billet blogue - Sid 2016

Lorsque ça va mal, un simple ami vous fera part de son empathie. Il vous dira que vous n’avez pas de chance et que la vie est dure. Mais votre ami le plus proche, vous dira les vraies affaires : « tu as fait une erreur mon gars. Maintenant relève-toi, arrête de chialer et répare ton erreur! Montre-nous de quoi tu es capable ». Un véritable ami prendra la chance de vous faire de la peine parce qu’il sait que la vérité est parfois bonne à dire. Et à entendre.

Pour moi, l’amitié c’est aussi dire la vérité même si elle est difficile à entendre.

L’amitié entre les deux solitudes du Canada a récemment été mise à rude épreuve lorsque Denis Coderre et 83 maires de la Communauté métropolitaine de Montréal ont rejeté le projet de pipeline Énergie Est de TransCanada. Plusieurs politiciens et commentateurs du Canada anglais ont crié à la haute trahison! Montréal et (pourquoi pas) le Québec au complet étaient ingrats. « Ils veulent les avantages de la Fédération sans les inconvénients, disaient-ils. Comment pourrions-nous même penser invoquer la protection de l’environnement, alors que l’économie de l’Ouest va si mal et que des milliers de travailleurs du secteur pétrolier sont au chômage; n’avons-nous aucune empathie pour l’Alberta et la Saskatchewan »?!

Il est assez ironique de se faire reprocher de ne pas être « assez Canadiens » avec le premier ministre et le maire de Montréal que nous avons; sans doute les plus fédéralistes depuis 75 ans! Si messieurs Couillard et Coderre ne sont pas les meilleurs amis du ROC (Rest of Canada) au Québec, aussi bien dire qu’ils n’en ont pas! Même si l’on mettait complètement de côté la question environnementale, le « conseil » de monsieur Coderre de ne pas construire ce pipeline, est justement une vérité difficile à entendre. Il leur dit en quelque sorte de diversifier leur économie!

Une trop grande partie de l’économie de l’Alberta dépend du secteur pétrolier. Présentement, la chute vertigineuse du prix du baril a soudainement stoppé l’exploitation et même la construction de certaines mines de sables bitumineux. Si le prix remonte, ces activités reprendront sans doute de plus belle (malheureusement pour l’environnement!). Mais si l’histoire nous enseigne une chose sur le prix des matières premières, c’est bien qu’elles vont constamment fluctuer et donc, tôt ou tard, le prix redescendra.

Construire une économie dépendante de l’exportation d’une seule matière première est une stratégie vouée à l’échec.

Dans ce contexte, les Brad Wall de ce monde voudraient qu’on aide les provinces productrices de pétrole à construire des pipelines afin qu’ils puissent ensuite augmenter leur production de pétrole et en dépendre encore plus!

Oubliez les gaz à effet de serre : du strict point de vue économique, cette approche ne tient pas la route. La dernière chose que l’on devrait faire c’est de rendre l’Alberta encore plus dépendante d’une seule ressource dont elle ne contrôle ni la demande ni le prix.

Budget fédéral

D’ici quelques semaines, le gouvernement de Justin Trudeau déposera son premier budget. Il est certain qu’il comportera au moins deux éléments : de nouvelles dépenses pour réduire les gaz à effet de serre et des sommes pour relancer l’économie. Le risque que le premier élément soit annulé par le deuxième est très grand. La cohérence de ce budget sera le premier vrai test du gouvernement.

Voici 5 mesures que j’espère retrouver dans ce budget pour créer des emplois tout en réduisant les gaz à effet de serre :

  1. Des investissements dans les infrastructures de transport en commun et de vélo.
  2. Des investissements dans les infrastructures vertes comme les lignes de transport Est-Ouest pour exporter l’électricité propre de la Colombie-Britannique, du Manitoba et du Québec vers l’Alberta, l’Ontario et les Maritimes.
  3. De nouvelles dépenses en efficacité énergétique domiciliaire, l’une des façons les plus efficaces de créer des emplois rapidement, partout au pays. L’énergie la moins coûteuse est celle que l’on ne dépense pas!
  4. Un soutien aux entreprises émergentes de l’économie verte qui détiennent des solutions à de nombreux problèmes écologiques.
  5. De nouveaux programmes pour soutenir la recherche et la sensibilisation du public sur la question des changements climatiques et des solutions énergétiques.

Ces mesures ne vont pas remplacer tous les emplois perdus en Alberta, mais elles jetteraient les bases d’une diversification hautement nécessaire.

Justin Trudeau ne gagnera pas de sièges en Alberta avec ces mesures, mais il enverrait un message clair aux Albertains et aux Canadiens : le party du pétrole est terminé. Il faut maintenant se relever les manches et passer à autre chose. C’est une réalité qui est difficile à dire.

Et encore plus difficile à entendre.