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Opinion  •  3 min

Pour une fois que je suis d'accord avec Richard Martineau... ou que Martineau est d'accord avec nous

Publié le 

par :  Hugo Séguin Blog - Drill baby Drill

Je ne lis plus - ou presque plus - Le Journal de Montréal depuis le lock-out qui touche 253 de ses journalistes et employés, ceux-ci poursuivant leur travail dans le quotidien en ligne Rue Frontenac. Je suis par contre un lecteur quasi-captif du Journal certains matins, dans mon petit restaurant de quartier, où il jouit du privilège de monopole de l'information. J'y trouve de tout, du pire et du moins bon. Rarement des perles. Mais ça, c'est un point de vue très personnel.

Mon chum est accro à Louise Deschâtelets et à son courrier du coeur. Allez savoir. Il y a des conversations qu'il vaut mieux éviter dans un couple.

Pour ma part, je trouve quand même plaisir à lire Joseph Facal de temps en temps, alors que je fuis maintenant comme la peste les chroniques de Nathalie Elgrably-Lévy, qui s'applique consciencieusement à caricaturer et à démoniser le discours écolo sur les changements climatiques (entre autres chevaux de bataille). Je veux bien m'ouvrir à d'autres perspectives, mais ça devient lassant après quelques rééditions du même argument. Question pour mes amis de l'Institut économique de Montréal : comme Mme Elgrably-Lévy signe ses chroniques à titre d'économiste sénior de l'Institut, doit-on comprendre que vous endossez tous ses propos? Qu'elle parle bel et bien en votre nom?

Il semble même que mon ami (eh oui) Eric Duhaime, ténor de (très) droite en pleine ascension (pas difficile, vu la rareté des Québécois de cette obédience capables d'aligner des arguments exempts d'insultes et de postillonage fielleux) a été récemment recruté pour chroniquer au Journal. Avec lui, on change de catégorie. À la place de Nathalie Elgrably-Lévy, je commencerais à me chercher une autre tribune.

Richard Martineau révèle une partie de la personnalité des écolos

J'ai une relation (de lecteur à chroniqueur) en dents de scie avec Richard Martineau, que j'ai énormément apprécié et suivi lorsqu'il était rédacteur en chef à Voir Montréal. Dans sa chronique du 3 mai, Martineau tire certaines conclusions de la présente catastrophe environnementale du Golfe du Mexique. Il s'applique à regarder au-delà de l'image que certains ont encore des écolos, pour révéler une vérité pourtant évidente pour qui sait la voir :

« Je sais que pour la plupart des gens, les écolos sont des rêveurs qui mangent des graines, embrassent les arbres et pleurent dès qu'une auto écrase une grenouille. Mais le temps est venu de cesser cette caricature », écrit-il. « Les écolos ne sont pas contre le progrès. Ils sont pour une autre forme de progrès, plus censé, plus responsable. » Bien dit.

Les écolos du Québec, d'ailleurs, s'entendent à peu près tous sur un certains nombres d'idées fortes, toutes porteuses de développement économique et de création d'emplois, de qualité de vie et de promotion de l'environnement. Moins de béton et d'asphalte pour les autos, mais plus de trains, d'autobus, de métros et de tramways (que nous fabriquons ou pourrions fabriquer ici). Moins de développement de méga-projets énergétiques et pétroliers, mais plus de rénovations de maisons pour réduire la facture de chauffage et (éventuellement) plus d'autoproduction d'énergie. Moins d'industrie lourde, et plus de clean tech.

Meilleur aménagement du territoire et transports avancés, énergies émergentes, nouvelles entreprises. Les écolos ne sont plus les seuls à avoir cette vision. Selon la financière HSBC, dans l'ensemble des grandes économies du G20, ce sont plus de 470 milliards de dollars qui ont été investis dans les créneaux de la nouvelle économie verte, en particulier en Chine, en Europe et aux États-Unis, dans le cadre des plans de relance de l'économie. Un virage que le Canada et le Québec tardent à prendre, alors que, selon l'Institut Pembina, les États-Unis y auraient investis 8 fois plus per capita que le Canada. D'ailleurs, Environmental Defence et les United Steelworkers évaluent à 66 000 le nombre d'emplois qui auraient été créés au pays si le gouvernement fédéral avait investi dans l'économie verte au même rythme que le gouvernement américain.

Laissons Martineau conclure : « Au lieu de perdre notre temps à pomper [du pétrole], pourquoi on n'investit pas dans le développement de nouvelles formes d'énergies? Non seulement ça permettrait de sauver la planète, mais ça pourrait être super payant ». Au plaisir de te relire, Richard!(ce que ferai plus régulièrement quand le lock-out sera terminé).