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Opinion  •  2 min

Un cas de conscience citoyenne

Publié le 

par :  (Unpublished) Pierre Bluteau Blog - Pierre Bluteau

Bonjour,

Je m’appelle Pierre Bluteau. Je suis responsable des bénévoles pour Équiterre. Mais aujourd'hui, c'est en tant que simple citoyen que je vous écris. Depuis 35 ans, j’habite à Leclercville, sur une petite terre que j’ai déjà cultivée et qui est maintenant le paradis de mes quatre (bientôt cinq) petits enfants.

Leclercville? C’est une toute petite municipalité de la région de Lotbinière, sur la rive sud du St-Laurent, mais tout récemment, des promoteurs l’ont surnommée « la capitale québécoise des gaz de schistes ».

Les gaz de schiste… Ils ont fait couler beaucoup d’encre récemment. La première fois que j’en ai entendu parler, il y a quelques années, je ne savais pas trop ce que c'était. Pour moi, c’était du gaz, tout simplement, et comme je ne savais pas encore à quel point il était  complexe de les extraire, j’étais plutôt content d’apprendre qu’il y en avait chez nous.

Et puis un beau jour, au cours de l’hiver dernier, mes concitoyens et moi avons aperçu une immense flamme dans le ciel de St-Édouard, juste à côté de Leclercville. C’était une compagnie gazière qui faisait de l’exploration pour déterminer le rendement d’un puits de gaz de schiste. Je peux vous dire que c’était assez impressionnant. Certaines personnes ont même appelé le 911! Et la flamme a brûlé comme ça pendant 135 jours…

J’ai commencé à me renseigner. J’ai appris que les gaz de schiste étaient emprisonnés dans la roche à 2 km de la surface du sol. Pour les extraire, il faut une quantité d’eau incroyable (6 millions de litres juste pour l’exploration) qu’on mélange à plus de 80 produits chimiques et qu’on injecte à forte pression sous la terre. Une partie de cette eau remontera à la surface où elle sera traitée, mais la majeure partie restera dans le sol.

Les promoteurs nous assurent qu’il n’y a pas de danger de contamination, que les conduites utilisées sont étanches, mais comment être sûrs qu'une faille ne se produira pas?

Il y aurait actuellement 500 000 puits de gaz de schiste aux États-Unis. On les exploite depuis 10 ans et les problèmes commencent à peine à surgir. On ne peut pas faire comme si de rien n’était et se contenter de dire que ça n’arrivera pas ici!

On nous dit que l’exploitation des gaz de schiste permettrait aux Québécois de s’enrichir. À mon avis, c’est très relatif, car les profits de cette industrie iraient surtout à des entreprises privées. Et puis, posons-nous la question : alors que tout le monde convient qu’il faut réduire considérablement nos émissions de gaz à effet de serre, voulons-nous réellement miser sur le développement d’énergies fossiles et polluantes ou ne préférons-nous pas développer notre potentiel d’énergie renouvelable?

Moi qui essaie de faire ma part pour lutter contre les changements climatiques, je ne peux pas croire qu’on puisse, en tant que société, se précipiter dans un projet qui contribuerait inévitablement à augmenter nos émissions de gaz à effet de serre!

Je suis inquiet et je ne suis pas le seul! Comme Équiterre, je demande un moratoire sur la question des gaz de schiste au Québec, le temps que le gouvernement et l’industrie fassent leurs devoirs et répondent aux interrogations légitimes des Québécois.

Si comme moi vous voulez des réponses claires et une étude indépendante sérieuse sur les impacts environnementaux possibles de l’exploitation des gaz de schiste au Québec, appuyez Équiterre qui travaille activement à informer la population et qui talonnent nos décideurs pour obtenir les réponses auxquelles nous avons droit.

Au nom de mes petits enfants, merci!

Pierre Bluteau