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Communiqué de presse  •  3 min

La crise ukrainienne ne doit pas être exploitée pour verrouiller la dépendance aux combustibles fossiles

Silhouette d'un puits de pétrole  au coucher du soleil

Publié le 

Territoires non-cédés de la Nation algonquine anishinaabe [OTTAWA], 3 mars 2022 - Nous exprimons notre solidarité avec le peuple ukrainien et dénonçons les efforts de l'industrie pétrolière et gazière pour renforcer la dépendance aux énergies fossiles et accélérer le chaos climatique. Face à des crises convergentes, la sécurité énergétique n'est pas possible sans transition énergétique.

Ces derniers jours, le lobby canadien du pétrole et du gaz a tenté de profiter de la crise en Ukraine pour présenter une expansion massive de l'extraction de combustibles fossiles canadiens comme la solution aux besoins énergétiques de l'Europe, un discours repris par plusieurs politiciens provinciaux et fédéraux.

Les appels impulsifs à la construction de nouveaux gazoducs vers la côte Est pour approvisionner l'Europe en gaz - qui, selon des études, pourrait être aussi polluant que le charbon si l'on tient compte des fuites de gaz des puits et des gazoducs - ne tiennent pas compte du fait que la réalisation de tels projets prend une décennie et qu'encore plus de combustibles fossiles étrangers et volatils n'est pas la solution pour l'Europe.

La dépendance du monde aux combustibles fossiles a donné du pouvoir à Poutine et a financé son invasion de l'Ukraine. Avant la pandémie, 40 % du budget fédéral de la Russie provenait du pétrole et du gaz ; l'automne dernier, la Russie gagnait 500 millions de dollars US par jour grâce au pétrole et au gaz. La dépendance des pays occidentaux à l'égard des combustibles fossiles compromet leur réponse, les exportations de pétrole et de gaz étant toujours exclues des sanctions malgré les appels de l'Ukraine en faveur d'un embargo total.

Pour assurer une véritable sécurité énergétique, l'Europe et le monde entier doivent accélérer l'efficacité énergétique et la transition vers les énergies renouvelables telles que l'énergie éolienne et l'énergie solaire, qui sont plus stables, moins chères et plus rapides à mettre en œuvre que les combustibles fossiles, et qui ne sont pas à la merci des jeux de pouvoir géopolitiques.

En décalage avec la transition mondiale vers des combustibles à faible teneur en carbone, le secteur pétrolier et gazier semble incapable de reconnaître que les pays européens - comme beaucoup d'autres - ne souhaitent plus renforcer leur dépendance aux combustibles fossiles et cherchent désormais à accélérer leur transition énergétique. En début de semaine, l'Allemagne s'est engagée à accélérer ses investissements dans les énergies renouvelables et le monde attend une annonce de l'Union européenne sur son prochain paquet d'énergies renouvelables.

Au printemps 2020, l'industrie pétrolière et gazière canadienne a utilisé la pandémie comme excuse pour faire pression sur le gouvernement fédéral afin qu'il édulcore ou suspende les réglementations environnementales et retarde l'introduction de la législation UNDRIP. Sa tentative actuelle de faire pression en faveur de l'expansion des combustibles fossiles devrait être reconnue comme étant la même chose : le stratagème désespéré d'une industrie dépassée qui n'a jamais manqué une occasion de capitaliser sur une crise.

Le rapport du GIEC de cette semaine, qui dresse un « atlas de la souffrance », a mis en évidence les conséquences désastreuses de la dépendance du monde aux combustibles fossiles et la nécessité urgente de rompre cette habitude. Comme l'a déclaré Svitlana Krakovska, climatologue à la tête de la délégation ukrainienne au GIEC, lorsque son équipe a été contrainte de se retirer des négociations pour se mettre à l'abri des bombes (traduction libre): « Les changements climatiques d'origine humaine et la guerre contre l'Ukraine ont les mêmes racines : les combustibles fossiles, et notre dépendance à leur égard. »

Citations :


Caroline Brouillette, directrice des politiques nationales, Climate Action Network - Réseau action climat Canada:

« Le lobby des énergies fossiles s’empare une fois de plus d’une crise aux terribles conséquences humaines pour promouvoir son agenda destructeur. Continuer à augmenter la production d'énergies fossiles ne fera que renforcer l’insécurité énergétique et la vulnérabilité climatique. Pour désamorcer le déploiement du pétrole et du gaz comme arme de guerre par Poutine, les gouvernements doivent donner la priorité aux droits humains, à la sécurité énergétique et à un avenir sécuritaire pour le climat en accélérant leurs efforts en vue d’une transition juste hors des combustibles fossiles. »

Émile Boisseau-Bouvier, analyste des politiques climatiques, Équiterre:

« L'instrumentalisation du conflit par l'industrie fossile et ses alliés politiques montre leur très mauvaise lecture de la situation, alors que c'est précisément la dépendance des États au gaz sale de la Russie qui a contribué à la position de pouvoir géopolitique de Vladimir Poutine. Il est triste et cynique de profiter de cette terrible situation afin de pousser un agenda aussi destructeur et de le déguiser en geste humanitaire. Les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique sont la solution pour assurer aux États une plus grande sécurité et une vraie indépendance. »

Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie, Greenpeace Canada:

« Les entreprises d’énergies fossiles alimentent la crise climatique ainsi que les guerres dans le monde entier, au prix de la souffrance des plus vulnérables. La guerre en Ukraine nous rappelle qu'il est essentiel que les dirigeants du monde entier brisent les liens de dépendance envers les hydrocarbures et mettent en place un système reposant sur les énergies renouvelables qui sont sécuritaires pour tous et toutes. Plutôt que d'extraire encore plus de carbone du sol, nous avons besoin d'une transition rapide vers les énergies renouvelables, en nous éloignant des combustibles fossiles qui enfoncent le monde dans la crise climatique et les conflits. »


Pour plus d'informations ou pour organiser une entrevue, contactez :
 

Anthony Côté Leduc
Chargé des relations médias, Équiterre
acoteleduc@equiterre.org, 514-605-2000

Vicky Coo
Responsable des communications, Climate Action Network - Réseau action climat Canada
comms@climateactionnetwork.ca, 613-203-3272