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Communiqué de presse  •  3 min

Un pesticide dangereux détecté dans l’eau potable de millions de Canadiens

Publié le 

Des groupes demandent l’intervention de Santé Canada

Montréal, le 14 mars 2017 - Alors que Santé Canada procède à la réévaluation de l’atrazine, l’un des plus dangereux pesticides utilisés au pays, un chercheur a détecté sa présence dans l’eau potable de Montréal et de Toronto. Cette situation inquiète de grands groupes environnementaux, des chercheurs et médecins, car l’atrazine est notamment reconnue comme perturbateur endocrinien, auquel les foetus et enfants sont plus vulnérables en raison de l’influence du système endocrinien sur leur développement. Une étude chez l’humain suggère également que les femmes enceintes exposées à l’atrazine à des niveaux semblables à ceux détectés dans ces analyses avaient un plus grand risque de donner naissance à un bébé de petit poids.

M. Sébastien Sauvé, professeur titulaire en chimie environnementale à l'Université de Montréal, a analysé des échantillons d’eau du robinet provenant d’eaux de surface. Ces analyses démontrent la présence d’atrazine dans l’eau potable des villes de Montréal et de Toronto, à des concentrations plus élevées que la norme européenne, mais sous la norme moins sévère des Recommandations pour la qualité de l’eau potable au Canada. « Une proportion importante des échantillons analysés pour Montréal dépasse pendant plusieurs mois la norme de potabilité de l’Union européenne », explique le chercheur. Or, Santé Canada n’a pas pris en considération la présence du pesticide dans les eaux de surface dans sa réévaluation de l’atrazine.

« Il est alarmant que les Canadiens boivent de l’eau qui contient des pesticides, à des niveaux jugés dangereux par d’autres pays. L’Union européenne a interdit l’atrazine il y a 13 ans. Pourquoi Santé Canada n’adopte-il pas le même principe de précaution pour protéger l’environnement et la santé des Canadiens? », questionne Sidney Ribaux, directeur général d’Équiterre.

Maryse Bouchard, professeure agrégée à l’École de santé publique de l’Université de Montréal, ajoute  : « À des concentrations dans l’eau avoisinant celles de la norme européenne, on constate de nombreux effets sur les amphibiens et les animaux, notamment des problèmes de reproduction et de développement, particulièrement des malformations chez les grenouilles. Quelques études chez l’humain suggèrent également des effets néfastes sur la reproduction et le développement à des concentrations dans l’eau similaires à celles mesurées à Montréal et Toronto ».

Rappelons qu’au Québec, on retrouve l’atrazine dans 98 % des échantillons prélevés dans les rivières des régions dont la culture prédominante est le maïs par le ministère du Développement durable, de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques

Santé Canada doit prendre ses responsabilités pour protéger les Canadiens


En plus de ne pas tenir compte des risques pour la santé des Canadienne-ne-s, pour les écosystèmes aquatiques, ou pour les populations agricoles exposées à ce pesticide, l’évaluation de l’atrazine faite par la ministre de la Santé fédérale est fondée sur une analyse des risques incomplète. Celle-ci se base uniquement sur les concentrations d’atrazine dans les eaux souterraines, qui représentent une fraction des sources d’eau potable au Québec, alors que l’eau potable de près de 70 % de la population du Québec - soit 5,7 millions de personnes - provient d’eaux de surface (fleuve, lacs et rivières).

« Nous sommes inquiets et demandons que la ministre de la Santé interdise dès que possible l’atrazine au Canada », explique Tim Gray, directeur général d’Environmental Defence. « La présente évaluation ne permet pas à la ministre de la Santé de satisfaire l’exigence de la loi, qui est de démontrer que ce pesticide pose un risque acceptable pour la santé et l’environnement », renchérit-il.

Pour le Dr Jean Zigby, président de l’Association canadienne des médecins pour l’environnement, le risque n’est pas lié à ce seul pesticide : « tous les pesticides présents dans notre environnement, surtout ceux qui sont persistants et agissent de manière systémique, présentent un danger potentiel pour la santé humaine et pour les écosystèmes ». Rappelons que l’atrazine est l'un des pesticides les plus utilisés au Québec et jugé par le ministère du Développement durable de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques comme l’un des pesticides les plus préoccupants pour l’environnement et la santé humaine.

Équiterre et Environmental Defence ont lancé en 2016 une pétition pour faire interdire l’atrazine au Canada, qui sera déposée auprès de la ministre de la Santé au cours des prochains jours.

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Pour plus d’information ou demandes d’entrevues :

Julie Tremblay, Équiterre, jtremblay@equiterre.org, 514-966-6992

Sarah Jamal, Environmental Defence, sjamal@environmentaldefence.ca, 416-323-9521 ext.251, 905-921-7786 (cell)