Publié le
Montréal, 9 mai 2025 - Équiterre invite les gouvernements du Québec et Canada à garder le cap sur leur norme de ventes de véhicules zéro émission (VZE) et à ne pas céder au « chant des sirènes » de l'industrie automobile
Voilà quelques mois qu’on entend divers intervenants qui parlent au nom de l’industrie automobile demander aux gouvernements de reculer sur leurs engagements d’électrification des transports ou, du moins, d’en revoir l’ambition, évoquant entre autres les menaces économiques américaines.
Selon Équiterre, il ne faut pas céder aux demandes injustifiées d’une industrie qui n’hésite jamais à demander des assouplissements réglementaires chaque fois que ça chauffe un peu.
La situation avec les États-Unis est plutôt une occasion en or de s’en distancer et de miser sur la mobilité de demain.
« Ça fait des années qu’on se colle aux États-Unis pour l’automobile et ça ne nous a pas servi. Que ce soit au niveau des normes environnementales ou de sécurité routière, on est dépendant de ce qui se fait au sud de la frontière depuis trop longtemps. Et si on prenait plutôt la situation actuelle comme une opportunité d’affirmer notre différence et d’être plus résilients et ambitieux? », affirme Blandine Sebileau, analyste en mobilité chez Équiterre.
« On a aussi dépensé plusieurs milliards d’argent public en subventions à l'achat de véhicules électriques dans les dernières années. Ce serait bien qu’on s’assure de rentabiliser notre investissement. Au Québec, on a aussi un plan climatique qui s’appuie grandement sur la réduction de GES des transports. Est-ce qu’on va vraiment réécrire le plan pour préserver les profits de l’industrie automobile? », demande l’experte.
Faire payer les automobilistes
Équiterre estime donc que le moment ne pourrait être plus mal choisi pour revoir à la baisse les objectifs de la norme sur les véhicules électriques, d’autant que ce serait aux automobilistes de faire les frais d’un tel recul.
« Le prix des véhicules a plus que doublé en cinq ans, alors il ne faudrait pas confondre l'intérêt de l’industrie avec celui des automobilistes. Et ce que les gens veulent avant tout, ce sont des options : pas trop chères et les moins polluantes possibles »
-Blandine Sebileau
« Reculer maintenant reviendrait à abandonner une course à quelques mètres du fil d’arrivée. La norme VZE a justement pour but de faire diminuer les prix des véhicules électriques. Et quand on regarde ce qui se passe partout dans le monde, on constate que les juridictions qui bénéficient d’une telle politique vendent plus de ces véhicules que ceux qui ne l’ont pas. Pourquoi changer quelque chose qui fonctionne? », conclut-elle.
Selon Équiterre, ceux qui auraient le plus à gagner de ces potentiels reculs sont les manufacturiers qui traînent la patte en électrification et qui anticipent les amendes liées à leur positionnement peu stratégique. Faire porter le blâme aux politiques publiques qui fonctionnent traduit un profond manque de vision de leur part, selon l’organisme.
Les bureaux d’Équiterre sont situés sur les territoires autochtones non cédés par voie de traité que nous appelons de nos jours Montréal et Québec. Nous reconnaissons que les Premiers Peuples protègent leurs territoires depuis des temps immémoriaux et utilisent leurs savoirs traditionnels pour garder les terres et les eaux. Nous sommes reconnaissant(e)s de vivre sur ce territoire et tenons à poursuivre nos efforts pour le protéger. Pour en savoir plus