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Opinion  •  3 min

Il faut bâtir un Canada fort et résilient

Blandine Sebileau

Analyste, Mobilité durable

Lors de la campagne électorale, le nouveau premier ministre du Canada, Mark Carney, s’était engagé à respecter le Consensus québécois en environnement, tout comme le Bloc québécois, le Nouveau Parti démocratique et le Parti vert du Canada. Nos organisations félicitent l’ensemble des députés élus à la Chambre des communes et leur tendent la main pour faire avancer les projets d’infrastructures qui permettraient véritablement d’améliorer le bien-être des Canadiens.

Des infrastructures pour réussir la transition

La crise environnementale demeure le plus grand défi de notre époque : ses effets extrêmement concrets nous affectent déjà dans plusieurs sphères de nos vies et ne feront que s’aggraver à l’avenir.

La bonne nouvelle, c’est que les solutions qui permettent de faire face aux changements climatiques et au déclin de la biodiversité sont aussi bonnes pour aborder d’autres questions qui préoccupent les citoyens, comme le coût de la vie, et le logement, par exemple, étant donné que le Canada connaît une grave crise de l’habitation.

Penser ensemble le logement et le transport

Pendant la campagne électorale, le nouveau premier ministre s’est engagé à « réaliser des investissements générationnels dans le logement pour doubler le rythme de la construction et pour faire baisser le coût des maisons, des loyers et des paiements hypothécaires ». Nous ne pouvons que l’inviter à agir rapidement en ce sens.

En effet, de plus en plus de Canadiens n’arrivent plus à se loger à des prix abordables, et l’incidence du prix des logements sur le coût de la vie est une vive préoccupation pour plusieurs. Bâtir un pays fort et résilient exige que l’on réponde à cette crise. Pour y arriver, il faut augmenter la construction de logements de tout type : abordable, à but non lucratif, privé, familial, pour personnes âgées, etc.

La Société canadienne d’hypothèques et de logement affirmant qu’il faudra tripler la construction résidentielle pour renouer avec l’abordabilité, un chantier majeur est à prévoir, ce qui permettra de dynamiser l’économie et de créer des emplois durables. Mais n’oublions pas que les habitations qui sont construites aujourd’hui doivent non seulement ne pas aggraver les crises environnementales en cours, mais aussi aider la population à faire face aux canicules, aux feux et aux inondations de plus en plus fréquents.

Comment ? En misant sur des logements qui permettront de consommer moins d’énergie, allégeant du même coup la facture d’électricité des ménages tout en réduisant nos émissions de gaz à effet de serre, en aménageant des quartiers qui comprennent des services et des commerces de proximité, dans lesquels les gens peuvent se déplacer à pied, à vélo ou en transport collectif ou partagé, ce qui contribue aussi à améliorer la qualité de l’air.

Quand on construit des bâtiments abordables et efficaces sur le plan énergétique ou qu’on développe le transport collectif et actif, facilitant les déplacements à moindre coût, on privilégie du même coup un développement immobilier à échelle humaine, ce qui favorise aussi la santé de nos milieux de vie — et par le fait même celle des citoyennes et citoyens. Et on facilite aussi la résilience et l’adaptation face aux changements climatiques qui fragilisent nos infrastructures, ce qui permet aussi une économie agile et résiliente.

Pour y arriver, le gouvernement devrait donc doubler les sommes investies dans le Fonds pour le transport en commun du Canada, non seulement pour doubler le nombre de nouveaux projets, mais aussi pour permettre aux sociétés de transport d’utiliser cet argent pour l’entretien des infrastructures existantes, dont la vétusté menace la fiabilité et le confort de millions de déplacements.

Vers un premier budget

La construction résidentielle et sa planification devront devenir nettement plus efficaces et écologiques, et nous sommes convaincus que le premier ministre Carney en est bien conscient, lui qui siégeait jusqu’à récemment au sein du Groupe de travail pour l’habitation et le climat, qui vise à ce que des millions de futurs logements « abordables, résilients aux impacts climatiques et alignés avec les politiques d’objectif de pollution nette zéro » soient construits.

Le nouveau premier ministre a accordé une importance majeure aux investissements dans les infrastructures dans sa plateforme électorale. Son premier budget devra envoyer un signal convaincant en finançant les chantiers indispensables pour bâtir un Canada fort et résilient.

Cette lettre a été initialement publiée dans Le Devoir le 6 mai 2025.

* Ont cosigné cette lettre : Andréanne Brazeau, Fondation David Suzuki ; Sandrine Cabana-Degani, Piétons Québec ; Patricia Clermont, AQME ; Véronique Fournier, Centre d’écologie urbaine ; Cyril Frazao, Association pour la santé publique du Québec ; Marie-Soleil Gagné, Accès transports viables ; Simon Guiroy, Front étudiant d’action climatique ; Anne-Céline Guyon, Nature Québec ; Sophie-Laurence H. Lauzon, Réseau des femmes en environnement ; Philippe Jacques, Trajectoire Québec ; Sarah-Katherine Lutz, ENvironnement JEUnesse ; Karel Ménard, Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets ; France Pomminville, Réalité climatique Canada ; Thibault Rehn, Vigilance OGM ; Jean-François Rheault, Vélo Québec ; Christian Savard, Vivre en Ville ; Gabrielle Spenard-Bernier, Mères au front ; Rodrigue Turgeon, Coalition Québec meilleure mine ; Martin Vaillancourt, Regroupement national des conseils régionaux de l’environnement du Québec ; André Bélanger, Fondation Rivières.