Dans le projet de loi 89 du ministre du Travail, qui s’attaque au droit de grève, le gouvernement du Québec justifie les modifications proposées au Code du travail par la nécessité de « maintenir les services assurant le bien-être de la population [...] pour éviter que ne soit affectée de manière disproportionnée la sécurité sociale, économique ou environnementale de la population ».
S’il faut saluer l'intégration de la sécurité environnementale dans un texte de loi du gouvernement du Québec, ce qui constituerait une première, il est malheureux qu’on utilise l’argument environnemental pour s’attaquer à des droits syndicaux, alors qu’on l’évacue de l’analyse dans bons nombres de décisions gouvernementales.
Il est également malheureux que le projet de loi ne contienne aucune définition de la sécurité environnementale et on se demande si le gouvernement ne souhaite pas délibérément entretenir le flou.
Dans le contexte de ce projet de loi, il vaut la peine de s’attarder aux déclarations fracassantes du premier ministre, effectuées en marge des Assises annuelles de l’UMQ. Il a notamment réitéré son idée, telle une prophétie autoréalisatrice, qu’il y a une acceptabilité sociale pour les pipelines, ce qu’il répète depuis la parution d’un sondage SOM qui date de février dernier.
Il est donc difficile de réconcilier la soudaine conversion du premier ministre aux projets d’énergie fossile avec ce principe de sécurité environnementale contenu dans le PL89. Comment peut-on miser sur la sécurité environnementale pour affaiblir le droit de grève mais miser sur l’insécurité environnementale quand vient le temps de développer notre territoire ?
Les sondages de l’acceptabilité sociale
Dans ses plus récentes déclarations, le premier ministre croit qu’on peut faire passer ce pipeline par « le nord du Québec, qui pourrait déboucher par exemple dans le port de Sept-Îles ».
A-t-il même eu des discussions préalables avec toutes les premières nations concernées ? Je doute qu'elles soient enthousiastes à l’idée d’accueillir ce nouveau tuyau et tous les risques qui viennent avec pour le territoire. L’APNQL parlait d’ailleurs d’un « danger significatif » en 2016 pour justifier son opposition au projet de Transcanada.
L’acceptabilité sociale ne peut pas se résumer à la lecture d'un seul sondage. Sinon, on pourrait se dire qu'il est légitime de questionner l’acceptabilité sociale des décisions d’un gouvernement qui possède un taux de satisfaction de 32%.
Soyons sérieux et misons sur des projets d’avenir plutôt que de rebrasser les mêmes vieilles idées qui datent d’une autre époque.