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Opinion  •  3 min

Avez-vous embrassé un conservateur aujourd'hui?

Publié le 

par :  Hugo Séguin Blog - Sarah Pahlin

Vous vous sentez une âme de missionnaire? Que diriez-vous d'adopter - au sens figuré - une militante du Tea Party? Ou encore, un électeur conservateur de Charlesbourg?

Avec l'évolution de la situation politique aux États-Unis, c'est peut-être ce qui nous reste de mieux à faire pour faire avancer le dossier des changements climatiques au niveau fédéral au Canada et aux États-Unis.

Il ne resterait que 4 républicains à la Chambre des représentants du Congrès américain qui reconnaîtraient le consensus scientifique sur la question des changements climatiques. Les 235 autres croient qu'il s'agirait d'un complot communiste, d'une invention des environnementalistes ou d'un phénomène naturel. Ou encore que, de toute façon, après le Déluge, Dieu aurait promis à Noé de ne plus jamais détruire la Terre.

En plus de Maxime Bernier, combien de députés conservateurs à Ottawa pensent la même chose?

La force de blocage que représente aujourd'hui le parti républicain assure la paralysie du système fédéral américain pour les prochaines années pour tout ce qui ressemblera à un plan d'action crédible pour réduire les émissions de GES à des niveaux nous permettant d'éviter le pire. Faites confiance aux républicains et à leurs meneurs de claques des radios et autres télé-poubelles pour bloquer tout ce qui ressemblera au début d'une action concrète dans cette direction.

Et comme notre bon gouvernement conservateur à Ottawa a décidé de copier ce qui se passera à Washington, on peut vraiment dire que le Canada copiera l'inaction, tout en continuant d'affirmer fermement vouloir contribuer à trouver une solution « à ce grave problème » des changements climatiques.

Hors-jeu pour un petit moment, nos gouvernements fédéraux... Ce qui ne nous empêche pas, bien au contraire, de travailler pour influencer nos gouvernementaux provinciaux et municipaux, au Canada comme aux États-Unis.

Dans une perspective à long terme alors, devions-nous travailler de l'intérieur avec les forces conservatrices pour faire évoluer leur position? L'idée a été émise aujourd'hui à Cancun par des ONG américaines qui font le constat que les républicains sont là pour rester, du moins pour un cycle électoral ou deux, et qu'il faudra composer avec.

La première fois que j'ai entendu une telle idée, c'était à Washington en 2005. J'étais invité à donner une conférence sur la position climatique canadienne et on m'avait demandé de commenter les efforts d'une partie du mouvement évangéliste américain pour faire avancer des thèmes environnementaux et climatiques au sein de leurs Églises. Au début, j'avoue que je n'y avais pas beaucoup porté attention. Je n'y croyais pas vraiment. Mais cinq ans plus tard, je constate que l'idée que Dieu nous demande de prendre soin de sa création commence à faire son chemin, y compris dans des milieux que je pensais par trop conservateurs.

Après tout, il y a bien des républicains gais qui militent au sein du parti pour la promotion du mariage entre conjoints de même sexe. Pourquoi n'y aurait-il pas des républicains qui militeraient pour lutter contre les changements climatiques ?

Ce serait bien de créer au Canada des espaces de discussion non partisans qui permettent un dialogue avec des militants conservateurs sur les questions environnementales et climatiques. Quelque chose sur le thème : doit-on absolument être anti-environnement et rejeter tout discours scientifique pour être un bon conservateur?

Ce qui semble avoir été le mot d'ordre, par exemple, à l'Assemblée de fondation du Réseau Liberté Québec.

Ou plutôt : comment être un bon conservateur et avoir quelque chose de crédible à dire sur les questions environnementales et climatiques?

En tout cas, l'idée mérite d'être considérée sérieusement.

L'environnement et les changements climatiques ne sont pas des enjeux de gauche ou de droite. La preuve, la plupart des gouvernements de droite en Europe (en France, en Grande-Bretagne et en Allemagne) sont de farouches promoteurs d'une réponse vigoureuse à l'enjeu des changements climatiques. Ce n'est qu'en Amérique du Nord que certains essayent d'en faire un enjeu partisan.

Raison de plus, sans doute, pour ouvrir les canaux de communication avec nos compatriotes qui ne pensent pas comme nous sur une foule de questions, de la taille de l'État jusqu'au contrôle des armes à feu.

Vous avez eu ce genre de discussion avec de la parenté ou des amis, électeurs conservateurs mais également sensibles aux questions environnementales?

Moi oui. Avec très peu de résultats. On dirait que la question est devenue tellement polarisée qu'on ne parvient même plus à débattre sur des bases mutuellement acceptables.

Je serais très curieux d'entendre ceux et celles qui auraient eu des expériences similaires. Ou qui aimeraient essayer.

Peut-être en viendrons-nous à nous inviter chez Sarah Palin pour une tasse de thé?