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Opinion  •  2 min

Hugo Houle et les ambulances

Arriere d'une ambulance avec une porte ouverte

Marc-André Viau

Directeur, Relations gouvernementales

Plus de 30 ans après Steve Bauer, Hugo Houle remportait le 19 juillet une étape du Tour de France. Le premier Québécois à le faire. Un exploit remarquable dans un pays nordique où ce sport a des racines moins profondes que ceux d’hiver. Un exploit chargé d’émotion pour celui qui a dédié sa victoire à son frère, tué par un chauffard ivre en faisant du jogging.

A suivi un concert d’éloges. Le premier ministre François Legault soulignait la victoire historique du cycliste québécois. Le premier ministre Justin Trudeau mettait l’accent sur sa détermination et son dynamisme. Dans l’ensemble des réactions, une tendance : tout ceci sera bon pour l’essor du vélo au Québec. La SAAQ rappelait même dans un tweet l’importance du partage de la route entre tous les usagers.

Cet élan a été freiné dans les minutes qui ont suivi par Danielle Fleury, PDG adjointe du CHUM, qui annonçait la mise en demeure de l’institution adressée à la Ville de Montréal afin de l’empêcher de construire une piste cyclable sécurisée sur la rue Viger. Selon Mme Fleury, une piste cyclable sécurisée serait problématique pour l’accès des ambulances à l’hôpital, passant sous silence le fait qu’un trottoir et une bande cyclable séparent déjà les voies de circulation de la porte du garage.

Gros plan sur de la peinture au sol indiquant une voie partagée entre voitures et cyclistes

Bafouer sa propre vision

Le CHUM rate tout dans cette sortie. En tout premier lieu, il échoue à respecter sa propre vision qui précise que « la santé et le bien-être étant étroitement liés à un environnement sain, le CHUM s’engage à intégrer le développement durable et la carboneutralité dans ses activités ». La santé, le bien-être, le développement durable et la carboneutralité sont tous des synonymes de vélo. Vouloir assurer sa pratique sécuritaire à l’aide de réelles infrastructures de transport actif n’est que la suite logique dans une optique de vision zéro.

Au fond, à quoi la directrice générale adjointe du CHUM s’oppose donc ici ? Elle craint les retards des ambulances. Une crainte valide alors que chaque seconde compte pour les patients qui arrivent en ambulance. Mais en quoi un vélo retarde davantage une ambulance qu’une auto ?

Si nous poussons la logique de Mme Fleury au bout du raisonnement, pourquoi ne pas interdire toute circulation automobile du quadrilatère du CHUM ? Évidemment, elle ne dit mot sur ce qui ralentit réellement la progression de l’ambulance : l’automobile.

Résistance au changement

Le CHUM n’est pas la première institution qui fournit des services critiques de première ligne à la population montréalaise et québécoise et qui doit composer avec des infrastructures de transport actif dans son périmètre d’activité. Pour accéder à l’entrée principale de l’hôpital Santa Cabrini, il faut traverser la piste cyclable sécurisée de la rue Saint-Zotique. L’Hôtel-Dieu est enclavé par des pistes cyclables : l’horreur ! La caserne de pompiers sur Rachel au coin du parc La Fontaine donne sur une des pistes cyclables les plus achalandées de Montréal. Celle située sur Saint-Laurent, dans l’édifice du Palais des congrès, doit aussi composer avec des hordes de piétons et de cyclistes désireux de se rendre au Vieux-Port.

Je n’ai jamais vu un cycliste ne pas céder le pas à un véhicule d’urgence, que ce soit une ambulance, un véhicule de police ou un camion de pompiers. Le vélo peut facilement se déplacer pour laisser toute la place à l’ambulance, ce qu’une auto ne peut faire.

Ce n’est pas compliqué : il n’y a que de la mauvaise foi et de la résistance au changement dans cette sortie du CHUM.

Hugo Houle a cru en son rêve à la mémoire de son frère. L’administration montréalaise croit à la protection des usagers les plus vulnérables de la route, au nom de tous ceux qui ont perdu la vie sur les routes de la métropole pour s’être simplement déplacés avec autre chose qu’une auto. Il me semble qu’un établissement de santé devrait comprendre et avoir intérêt à ce que les cyclistes restent sur leurs deux roues, au lieu de se retrouver sur les quatre roues d’une civière.

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