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Opinion  •  3 min

Lettre ouverte : Élargissement de la consigne. Faisons un pas de plus vers l’économie circulaire

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Jeudi dernier, François Legault et Benoit Charette ont présenté le projet d’élargissement de la consigne à l’ensemble des contenants de boissons de 100 millilitres à 2 litres. À terme, c’est plus de 4 milliards de contenants, qu’ils soient en plastique, en verre ou en métal, qui seront traités par ce système modernisé.

La consigne par types de contenant plutôt que par contenus simplifiera le geste à poser par les Québécois. Parce qu’à l’heure actuelle, on consigne en fonction des contenants – bière et boissons gazeuses – et c’est trop souvent tout un casse-tête pour comprendre les nuances que cela sous-tend ! Même si cela peut sembler absurde, une bouteille d’eau pétillante non sucrée, une boisson énergétique non pétillante en sont actuellement exclues. On rectifie donc le tir, et cette mesure ambitieuse – et attendue depuis plus de 30 ans – mérite d’être soulignée.

Le tri à la source des matières recyclables est une solution low tech pour avoir des matières de meilleure qualité et avec un bon potentiel de débouchés, que l’on souhaite de plus en plus locaux. Plutôt que de transiter vers des centres de tri, les contenants pourront être directement acheminés à des conditionneurs afin d’être recyclés.

On a vu le succès des conteneurs de verre qui ont été installés dans plusieurs municipalités du Québec qui démontrent que l’on réussit à trouver preneur pour recycler le verre trié.

Mais il importe de le rappeler, la plupart des contenants de boissons sont principalement à usage unique. Ils sont donc recyclés pour être réintroduits dans un processus de fabrication, ce qui a un impact beaucoup plus élevé que si on les réutilisait.

Sortir du prêt à jeter

Il est de plus en plus question de sortir du paradigme du prêt à jeter, et les contenants consignés ne devraient pas y faire exception. Dans un contexte de ressources non renouvelables, que l’on consomme à un rythme effréné, la question de nos modes de consommation doit se poser bien plus largement. Il est inspirant de voir des initiatives fleurissantes, comme le réseau de « La tasse », un gobelet réutilisable consigné, qui a été développé comme solution de rechange aux gobelets de café jetables. Ce projet a vu le jour grâce à des commerçants locaux dans l’arrondissement de Villeray qui ont développé une solution viable déployée dans près de 350 commerces à l’échelle de la province.

Pour faire un pas de plus, l’État doit être de la partie. Les démarches doivent être systématisées et appuyées concrètement. Il est temps de se sortir de l’usage unique et la consigne fait partie intégrante de la solution.

Pour atteindre les objectifs ambitieux que le gouvernement s’est fixés, il y a beaucoup à faire. Et si on allait plus loin, en s’inspirant des systèmes comme les systèmes privés de consigne gérés par l’industrie et visant les contenants à remplissage multiple de bière et les bouteilles d’eau de plus de 8 litres ? Ceux-ci permettent de récupérer plus de 95 % de ces contenants et de les réutiliser une quinzaine de fois ! La performance environnementale de ces systèmes fait consensus. Pourtant, l’offre perd du terrain. Alors que ces contenants représentaient 83 % des bières embouteillées au Québec en 2009, cette proportion a chuté à 32 % en 2017.

Même la SAQ est de la partie. Elle a annoncé qu’elle allait réintroduire l’offre de vin en vrac qui avait été délaissée au courant des dernières années. Si un tel changement est envisagé du côté de la société d’État, c’est que la demande citoyenne est définitivement présente.

Avec l’industrie des microbrasseurs, des vins et spiritueux qui fleurissent, saisissons collectivement l’occasion pour en faire un signe de distinction : des systèmes de contenants réutilisables, consignés et faits au Québec.

En tant que société d’État, la SAQ est l’acteur de mieux positionné pour emboîter le pas.

Quand on parle d’économie circulaire, la clé est là : repensons nos manières de faire. Et l’élément distinctif des contenants à remplissage multiple, c’est justement leur réutilisation qui permet de réduire l’utilisation des ressources.

C’est l’occasion de faire preuve de leadership et de pousser plus loin la modernisation du système de consignation. Le gouvernement du Québec dispose donc de tous les leviers législatifs et financiers pour soutenir et développer des alternatives durables à l’usage unique.

Amélie Côté, Cofondatrice d'Incita ( Coop-Conseil zéro déchet )
Colleen Thorpe, Directrice générale d'Équiterre