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Je pense que c’était le 6 juin 1992. À Rio de Janeiro, au Brésil, avait lieu le plus important rassemblement de chefs d’États de l’histoire de l’humanité. Ils discutaient de développement durable et de changements climatiques.
Je n’étais pas à Rio. J’étais à Québec.
J’organisais ma première manifestation à vie. Le but : attirer l’attention des élus du Québec sur les enjeux internationaux comme les changements climatiques.
À l’époque, les médias ne parlaient pas des changements climatiques, même si le phénomène inquiétait de plus en plus les scientifiques. Ces derniers venaient d’ailleurs de publier le premier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).
Le public n’était donc pas très mobilisé. C’était avant Internet et les médias sociaux. C’était l’époque où la mobilisation se faisait à coups d’affiches, de dépliants, d’appels téléphoniques et de beaucoup, beaucoup de réunions.
En dépit de cette quasi-absence de débat public sur le sujet et en se basant sur les conclusions des scientifiques, le premier ministre canadien Mulroney et le président George Bush ont signé, avec 163 autres pays (aujourd’hui, 197 l’ont ratifié), la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, qui proposait une stabilisation des émissions de gaz à effet de serre (GES). Ce document est, encore aujourd’hui, le principal outil juridique international sur la lutte aux changements climatiques. De cette convention ont découlé tous les autres accords sur le climat, incluant Kyoto en 1997 et Paris en 2015.
Cela fait donc 24 ans qu’on parle, tant à l’échelle internationale que domestique, de réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Que s’est-il passé depuis? À l’échelle mondiale, nos émissions ont augmentées de plus de 50 %. Au Canada, elles ont augmentées d’environ 20 %.
La manifestation à Québec par cette belle journée de juin 1992 n’avait mobilisé qu’une centaine de citoyens. Depuis, le mouvement a grandi.
Au Québec et au Canada, des centaines de milliers de citoyens s’impliquent à tous les niveaux pour freiner l’expansion de l’industrie des énergie fossiles, favoriser les solutions écologiques et réduire les émissions de GES. Lorsqu’on organise une marche sur le climat au Québec, des dizaines de milliers de citoyens sont au rendez-vous!
En dépit de ce mouvement important, nous n’avançons qu’à petits pas. Le Québec est, à mon avis, la province où l’on retrouve le plus d’appuis pour des mesures de réductions des GES et même ici le progrès est lent. À titre d’exemple, en 2016, les Québécois ont, pour la première fois, acheté plus de véhicules utilitaires sport (VUS) que de voitures.
Dans ce contexte, Équiterre et plusieurs autres groupes écologistes ont applaudi le premier plan climat canadien adopté par le gouvernements fédéral et ceux de toutes les provinces, sauf la Saskatchewan et le Manitoba. Il n’est pas parfait, mais c’est un bon plan. Et surtout, après un quart de siècle de débats et trois accords internationaux sur le climat, nous avons enfin un plan!
En 2016, la conversation canadienne sur le climat a changé. La question n’est plus de savoir si oui ou non on doit agir, mais plutôt comment et à quelle vitesse ce changement doit s’effectuer. Notre travail est loin d’être terminé, mais, le Canada avance enfin dans la bonne direction.