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Opinion  •  4 min

Ce que le Canada et vous pouvez faire pour l’Amazonie

Published on 

par :  (Unpublished) Caroline Brouillette

 

La forêt amazonienne, dont la plus large partie se trouve au Brésil, brûle depuis trois semaines. Cet écosystème est essentiel à l’équilibre du climat global. 90 milliards de tonnes métriques d’équivalent de CO2 sont retenues par la forêt amazonienne, soit l’équivalent de 10 ans d’émissions de GES mondiales!

Les feux de forêt qui consument cet écosystème ont plusieurs conséquences : ils touchent à la survie et aux droits des peuples Autochtones qui protègent l’Amazonie depuis des années, ils menacent la biodiversité qu’elle abrite et rejettent dans l’atmosphère des tonnes et des tonnes de gaz à effet de serre (GES), tout en réduisant la capacité de la planète à stocker le carbone.

La cause des feux en Amazonie

Les feux de forêt au Brésil sont causés par l’humain. La rhétorique et les politiques du président Jair Bolsonaro semblent être à la source de leur augmentation de 84 % de plus qu’en 2018 par rapport à l’année précédente.

Le président Bolsonaro, en plus d’avoir déclaré que les peuples autochtones possédaient trop de territoire, est un fervent partisan de l’industrie agroalimentaire, dont la croissance est intimement liée à la destruction de l’Amazonie. Ces incendies visent principalement à transformer la forêt en terres agricoles pour la production de boeuf, de soja, de maïs et de bois. Les éleveurs et agriculteurs responsables de ces feux procèdent d’abord à un déboisement du territoire qu’ils incendient ensuite.

L’attitude du président et de son administration auraient agi comme une licence morale permettant aux fermiers d’élargir leurs activités dans la forêt, en plus de la réduction du nombre d’inspections visant à faire respecter les protections environnementales et autochtones.

Il faut aussi souligner qu’il n’y a pas que le Brésil qui est aux prises avec des feux de forêt. La Bolivie combat aussi un problème similaire de déforestation agricole dans plusieurs de ses forêts, dont l’Amazonie, le Pantanal et le Chiquitano. Le contexte est similaire : il y a un mois, le président y a autorisé les pratiques agricoles par brûlis. En Angola et en République démocratique du Congo, deux pays couverts par une forêt surnommée « second poumon de la planète », la forêt brûle aussi. Dans ce cas, l’agriculture par brûlis serait également en cause.

Des solutions pour préserver nos essentielles forêts

Ces désastres illustrent tristement les recommandations du dernier rapport du GIEC sur l’utilisation des terres. Alors que la population mondiale continue de croître et que plus de 800 millions de personnes souffrent de la faim, les pressions sur la forêt s’accroissent pour la transformer en terres agricoles. Plusieurs solutions alternatives étaient proposées dans le rapport : réduire le gaspillage alimentaire, adopter des pratiques agricoles plus respectueuses de l’environnement comme l’agroécologie et réduire la proportion de protéines animales dans l’alimentation.

Ce que le Canada peut faire pour l’Amazonie

Lors du récent sommet du G7 à Biarritz, Justin Trudeau s’est engagé à contribuer à la hauteur de 15 millions de dollars canadiens pour combattre les feux de forêts en Amazonie. Le Réseau Action Climat, dont Équiterre fait partie, a demandé que le Canada suspende ses négociations avec Mercosur, un bloc commercial latino-américain dont fait partie le Brésil. Cet embargo mettrait une pression sur le président Bolsonaro jusqu’à ce que soient mises en place des politiques significatives pour la protection de l’Amazonie.

Tout en maintenant la pression internationale, nous devons aussi réfléchir aux parallèles avec notre situation au Canada. Les droits et les territoires Autochtones, la protection des milieux naturels et du climat sont trop souvent sacrifiés au profit de l’exploitation des ressources naturelles et des intérêts économiques, notamment ceux de l’industrie pétrolière et gazière. Parlez-en à vos candidats pendant les élections dans le cadre des 100 débats pour l’environnement!

Ce que les citoyens peuvent faire

  1. Faire un don aux organisations autochtones qui défendent leur territoire
    Tel qu’expliqué ci-haut, la survie des peuples Autochtones est menacée par ces feux. Ils sont pourtant les mieux placés pour protéger la forêt amazonienne et se trouvent en première ligne pour défendre ce précieux écosystème. De plus en plus de recherches scientifiques démontrent que les terres sous contrôle autochtone sont mieux protégées, préservent plus de biodiversité et emmagasinent donc davantage de carbone.

    Soutenir directement la lutte de ces groupes locaux est la meilleure façon de protéger leurs droits, tout en protégeant la forêt. Les dons aux organismes ci-dessous serviront à soutenir directement des groupes de première ligne au Brésil œuvrant pour la protection de l'Amazonie et la défense des droits des peuples Autochtones :

    https://secure.rainforest-alliance.org/site/Donation2
    https://www.amazonfrontlines.org/donate/brazil/
     
  2. S’informer sur les compagnies à proscrire qui contribuent à la déforestation
    La protection des forêts nécessite, entre autres, une augmentation de l’efficacité du système alimentaire mondial, un fait relevé dans le dernier rapport du GIEC sur la situation des terres. La consommation de certains produits est intimement liée à la destruction de l’Amazonie, tout comme l’est l’investissement dans les industries à la source de la déforestation.

    Les citoyens peuvent donc s’informer sur leurs habitudes de consommation, découvrir l’impact de leurs choix et interpeller les entreprises qui contribuent au problème. Dans ce rapport préparé par l’organisme Amazon Watch, on retrouve la liste les compagnies qui contribuent à la problématique de la déforestation, qui investissent ou qui sont créditeurs des entreprises responsables de l’accaparement des terres. Parmi celles-ci, on retrouve plusieurs entreprises ou investisseurs canadiens, ou qui ont des opérations au Canada.

En savoir plus sur l’Amazonie :

L’Amazonie est la plus grande forêt tropicale au monde et la plus grande réserve de biodiversité. Il s’agit également du territoire ancestral de plus d’un million d’Autochtones, divisés en plus de 400 groupes, avec des langues, territoires et cultures différentes.

Son sol et ses arbres agissent comme un réservoir de carbone en absorbant les émissions de gaz à effet de serre. 90 milliards de tonnes métriques d’équivalent de CO2 sont retenues par la forêt amazonienne, soit l’équivalent de 10 ans d’émissions de GES mondiales! Cette incroyable forêt joue également un rôle dans le cycle hydrologique en produisant l’humidité responsable des pluies en Amérique latine.

« Il faut boycotter les produits issus de la déforestation illégale » , Le Devoir, 27 août 2019

« Amazon rainforest fires: global leaders urged to divert Brazil from 'suicide' path », The Guardian, Jonathan Watts, 23 août 2019

« The Amazon is on fire — Indigenous rights can help put it out », The Boston Globe, Naomi Klein, 26 août 2019