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Opinion  •  2 min

L’école de demain, dès aujourd’hui

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par :  Colleen Thorpe Directrice des programmes éducatifs colleen_thorpe-5-198x116.png

Avez-vous déjà eu l’occasion d’observer l’émerveillement des enfants dans un potager, surtout lorsqu’ils ont la chance de récolter leur première carotte? L’école St-Barthélemy, à Montréal, a compris depuis longtemps que le jardinage procurait un bien-être immédiat aux enfants, favorisant ainsi la motivation, la concentration et les apprentissages. Le potager - mis sur pied il a dix ans par l’enseignant Claude Martel avec l’appui de l’équipe-école, des parents et des enfants - est devenu un modèle au Québec. Depuis, de plus en plus d’aménagements verts ont surgi dans les milieux scolaires. On expérimente même avec des leçons en pleine nature. C’est l’école de demain qui grandit aujourd’hui.

La Commission scolaire de Montréal, une des seules commissions scolaires au Québec à avoir une conseillère pédagogique en environnement, fait activement la promotion du développement durable. Mais hélas, les normes - du moins, l’interprétation de celles-ci - ont rattrapé l’école St-Barthélemy. La CSDM prévoit une rénovation de la cour et, par la même occasion, soutient que le jardin en plein sol doit disparaître puisque le sol de type AB serait impropre à la culture d'aliments destinés à la consommation humaine. Pourtant, en 2015, d’autres experts ingénieurs avaient testé le sol et confirmé qu’on pouvait y cultiver des légumes. Pour les sols de type AB, la Direction de santé publique de Montréal propose une analyse cas par cas, car le sol peut être jugé adéquat (1).

Il faut dire que les restrictions pèsent de plus en plus lourd dans la gestion des établissements scolaires. Les gestionnaires sont vite pointés du doigt lorsqu’il y a des problèmes, d’où leur approche zéro risque. La CSMD interdit même les arbres fruitiers dans les projets de revitalisation des cours d’école puisque « bien que magnifiques au moment de leur floraison (ils) peuvent attirer beaucoup d’insectes piqueurs pendant la pollinisation » (2). Heureusement, cette approche ne domine pas dans toutes les commissions scolaires et de nombreux aménagements mettent en valeur des arbres comme les amélanchiers dont les baies font le bonheur des enfants. À l’échelle du pays, le réseau De la ferme à la cafétéria, dont Équiterre est le principal partenaire Québec, a répertorié les succès potagers de plus de 400 écoles!

Il est grand temps de former les gestionnaires aux pratiques exemplaires des écoles vertes et de changer les normes au besoin. Alors que le gouvernement amorce une réflexion sur l’école du futur dans le cadre du projet Lab-école, le ministère de l’Éducation pourrait se pencher sur le cas de l’école St-Barthélemy afin de sauver le jardin… pour le bénéfice des enfants et par respect pour les vaillants visionnaires qui ont animé ce projet, souvent à bout de bras. Ceux-ci nous invitent d'ailleurs à signer une pétition pour sauver leur jardin.

(1) http://www.dsest.umontreal.ca/documents/Webinaire20091117Presentation.pdf

(2) http://ocpm.qc.ca/sites/ocpm.qc.ca/files/pdf/P58/4e.pdf