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Opinion  •  1 min

Transport en commun : poser les mauvaises questions

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Blog - Steven Guilbeault

Vous avez probablement entendu comme moi le ministre des Transports du Québec, Robert Poëti, affirmer que le prolongement du métro vers l’est serait peut-être trop coûteux et qu’il faudrait envisager d’autres options, comme celle d’un train aérien…

Outre l’impression d’improvisation totale de la part du ministre sur ce sujet, son affirmation que le métro pourrait « coûter trop cher » passe sous silence des éléments fondamentaux de l’analyse nécessaire à une véritable prise de décision sur la mobilité.

Comme se tuait à nous le dire un certain Richard Bergeron, anciennement de Projet Montréal et maintenant membre de l’équipe Coderre : « Un mode de transport ne doit jamais être qualifié de “ coûteux ” dans l’absolu : tout dépend de la demande de mobilité à satisfaire, dans un contexte urbain donné ».

Pour M. Bergeron, et pour toute personne faisant une analyse sérieuse de ces enjeux, il s’agit de trouver le meilleur mode de transport en commun en fonction de plusieurs facteurs, dont les besoins en termes d’utilisation, la densité de la population, l’aménagement du territoire, etc.

Bien sûr que le métro coûte plus cher que l’autobus, soit environ 200 M$ par kilomètre (incluant les investissements, l’infrastructure et l’achat de matériel roulant), contre 3 M$ par kilomètre pour l’autobus. Mais le métro déplace 15 fois plus de personnes que l’autobus, soit 1 200 pour une rame de métro. On parle de 80 dans le cas d’un autobus simple, de 112 dans le cas d’un bus articulé. Et on ne parle même pas de la fréquence des passages, des problèmes liés au climat…

L’autre donnée d’analyse importante, ce sont les frais d’exploitation. En reprenant notre exemple du métro versus l’autobus, par passager, le métro ne coûte que 1,30 $ à opérer, tandis qu’il faut débourser en moyenne 3,10 $ pour l’autobus (selon les données de la STM de 2013).

Mais, tout comme le coût de construction ne saurait être la seule donnée à retenir, les frais d’exploitation ne peuvent être le seul élément d’analyse. Dans tous les cas, il faut étudier un ensemble de facteurs.

Alors, la prochaine fois que vous entendrez M. Poëti ou n’importe quel autre politicien critiquer les « coûts », dites-vous bien qu’on ne vous présente qu’une partie de l’histoire, généralement celle qui fait l’affaire de la personne qui parle.